Cet article a pour sujet la christologie de trois confessions de foi réformées qui expliquent la personne et l'oeuvre du Christ en vue de notre salut.

Source: Christologie - La personne et l'oeuvre du Christ (AK). 9 pages.

Christologie (8) - La christologie des confessions de foi réformées

  1. La Confession de foi de La Rochelle
  2. Le Catéchisme de Heidelberg
  3. La Seconde Confession helvétique

Poursuivons notre recherche christologique, en citant trois textes réformés fondamentaux pour notre foi : la Confession de foi de La Rochelle (ou Confession de 1559); le Catéchisme de Heidelberg; la Seconde Confession helvétique. Plus loin, nous examinerons la théologie de Calvin.

1. La Confession de foi de La Rochelle🔗

Aux articles 14 et 15, La Confession de foi traite de la divinité et l’humanité de Jésus-Christ.

Article 14. Nous croyons que Jésus-Christ, étant la Sagesse de Dieu et son Fils éternel, a revêtu notre chair afin d’être Dieu et homme en une même personne et, en vérité, un homme semblable à nous, capable de souffrir dans son corps et dans son âme, ne différant de nous qu’en ce qu’il a été pur de toute souillure. Quant à son humanité, nous croyons que le Christ a été l’authentique postérité d’Abraham et de David, quoiqu’il ait été conçu par l’efficace secrète du Saint-Esprit. Ce faisant, nous rejetons toutes les hérésies qui, dans les temps anciens, ont troublé les Églises.

Article 15. Les deux natures du Christ : Nous croyons qu’en une même personne, à savoir Jésus-Christ, les deux natures sont vraiment et inséparablement conjointes et unies, chacune d’elles conservant néanmoins ses caractères spécifiques, si bien que, dans cette union des deux natures, la nature divine, conservant sa qualité propre, est restée incréée, infinie et remplissant toutes choses, de même que la nature humaine est restée finie, ayant sa forme, ses limites et ses caractères propres. En outre, quoique Jésus-Christ, en ressuscitant, ait donné l’immortalité à son corps, nous croyons toutefois qu’il ne l’a pas dépouillé de la réalité propre à sa nature humaine. Nous considérons donc le Christ en sa divinité, de telle sorte que nous ne le dépouillons point de son humanité.

L’article 12 parle de notre élection en Christ.

Article 12. De cette corruption et de cette condamnation générales où tous les hommes sont plongés, nous croyons que Dieu retire ceux que, dans sa volonté éternelle et immuable, il a élus par sa seule bonté et miséricorde en notre Seigneur Jésus-Christ, et cela sans considération de leurs œuvres.

Nous croyons qu’il laisse les autres dans cette même corruption et condamnation, pour démontrer en eux sa justice, tout comme il fait briller dans les premiers les richesses de sa miséricorde. Car ceux-ci ne sont pas meilleurs que les autres, jusqu’à ce que Dieu les distingue selon le dessein immuable qu’il a arrêté en Jésus-Christ, avant la création du monde. Il n’est d’ailleurs personne qui puisse s’approprier un tel bien par ses propres moyens, puisque, de nature, nous ne pouvons avoir un seul bon mouvement, aucune bonne disposition de notre volonté, ni aucune bonne pensée, jusqu’à ce que Dieu nous ait devancés et nous y ait disposés.

Les articles 13, 16, 17 et 18 parlent de l’œuvre du salut, qui est celle du Christ.

Article 13. Notre salut est en Christ : Nous croyons qu’en Jésus-Christ tout ce qui était nécessaire à notre salut nous a été offert et communiqué. Nous croyons que Jésus-Christ, qui nous est donné pour que nous soyons sauvés, a été fait pour nous tout à la fois sagesse, et justice, et sanctification, et rédemption, en sorte qu’en se séparant de lui on renonce à la miséricorde du Père, en laquelle nous devons avoir notre unique refuge.

Article 16. La mort du Christ : Nous croyons que Dieu, en envoyant son Fils dans le monde, a voulu montrer son amour et son extrême bonté envers nous en le livrant à la mort et en le ressuscitant pour accomplir toute justice et pour nous acquérir la vie céleste.

Article 17. Notre réconciliation : Nous croyons que, par le sacrifice unique que le Seigneur Jésus a offert sur la croix, nous sommes réconciliés avec Dieu, afin d’être tenus pour justes devant lui et considérés comme tels. Nous ne pouvons, en effet, lui être agréables et participer à son adoption que s’il nous pardonne nos fautes et les ensevelit. Nous affirmons donc que Jésus-Christ est notre intégrale et parfaite purification, qu’en sa mort nous avons une totale réparation pour nous acquitter de nos forfaits et des iniquités dont nous sommes coupables, et que nous ne pouvons être délivrés que par ce moyen.

Article 18. Notre pardon gratuit : Nous croyons que toute notre justice est fondée sur la rémission de nos péchés et que notre seul vrai bonheur se trouve dans ce pardon, comme le dit David. C’est pourquoi nous rejetons tous les autres moyens par lesquels nous penserions pouvoir nous justifier devant Dieu et, sans présumer d’aucune vertu ni d’aucun mérite, nous nous en tenons uniquement à l’obéissance de Jésus-Christ, qui nous est attribuée aussi bien pour couvrir toutes nos fautes que pour nous faire trouver grâce et faveur devant Dieu.

2. Le Catéchisme de Heidelberg🔗

Dans les questions 29 et suivantes, le Catéchisme commence ainsi :

29. Pourquoi le Fils de Dieu est-il appelé Jésus, c’est-à-dire Sauveur?

Parce qu’il nous a sauvés de nos péchés et qu’on ne peut ni chercher ni trouver quelque salut en aucun autre.

30. Croient-ils donc aussi en Jésus l’unique Sauveur ceux qui cherchent leur bonheur et leur salut auprès des saints, en eux-mêmes ou ailleurs?

Non! Mais en réalité, ils renient l’unique Sauveur Jésus-Christ même s’ils se vantent de lui appartenir. Car, ou bien Jésus n’est pas un parfait Sauveur, ou bien ceux qui le reçoivent avec une vraie foi doivent avoir en lui seul tout ce qui est nécessaire à leur salut.

31. Pourquoi est-il appelé Christ, c’est-à-dire Oint?

Parce qu’il a été ordonné de Dieu le Père, et oint du Saint-Esprit

  • pour être notre Souverain Prophète et docteur : c’est lui qui nous a pleinement révélé le conseil secret et la volonté de Dieu pour notre rédemption;

  • pour être notre unique Souverain Sacrificateur : c’est lui qui, par le seul sacrifice de son corps, nous a rachetés, et qui intercède continuellement pour nous auprès du Père;

  • et pour être notre Roi éternel : c’est lui qui règne sur nous par sa Parole et par son Esprit et qui nous garde et maintient dans la rédemption qu’il nous a acquise.

32. Mais toi, pourquoi es-tu appelé chrétien?

Parce que je suis, par la foi, un membre du Christ et participe ainsi à son onction

  • pour confesser son Nom;

  • pour m’offrir à lui en un vivant sacrifice de reconnaissance;

  • pour combattre dans cette vie, avec une conscience libre, contre le péché et le Diable, et régner enfin éternellement avec lui sur toutes les créatures.

33. Pourquoi est-il appelé Fils unique de Dieu alors que nous sommes, nous aussi, enfants de Dieu?

C’est parce que seul le Christ est le Fils éternel de Dieu par nature, alors que nous, nous ne sommes enfants de Dieu qu’à cause de lui, par grâce et par adoption.

34. Pourquoi l’appelles-tu notre Seigneur?

Parce qu’il nous a délivrés et rachetés, corps et âme, du péché et de toute la tyrannie du Diable, non pas avec de l’or ou de l’argent, mais avec son sang précieux, et ce, afin que nous lui appartenions.

35. Que veut dire : conçu du Saint-Esprit et né de la vierge Marie?

Que le Fils éternel de Dieu, qui est vrai Dieu de toute éternité et demeure tel, a pris, par l’œuvre du Saint-Esprit, une vraie nature humaine de la chair et du sang de la vierge Marie, afin d’être la vraie descendance de David, semblable à ses frères en toutes choses, le péché excepté.

36. Quel profit te revient-il de la sainte conception et de la naissance du Christ?

Qu’il est notre Médiateur et que, par son innocence et sa parfaite sainteté, il couvre devant la face de Dieu mon péché dans lequel j’ai été conçu.

37. Qu’entends-tu par ces mots : Il a souffert?

Que durant toute sa vie terrestre, mais tout particulièrement à la fin, il a porté en son corps et en son âme le poids de la colère de Dieu contre le péché de tout le genre humain, afin que, par ses souffrances et son unique sacrifice expiatoire, il rachète notre corps et notre âme de la damnation éternelle et nous acquière la grâce de Dieu, la justice et la vie éternelle.

38. Pourquoi a-t-il souffert sous Ponce Pilate?

Afin que lui, condamné bien qu’innocent par un juge terrestre, nous libère par cela même du sévère jugement de Dieu qui devait s’abattre sur nous.

39. Y a-t-il quelque chose de plus dans le fait qu’il a été crucifié que s’il était mort autrement?

Oui, car par là je suis assuré qu’il s’est chargé de la malédiction qui pesait sur moi, puisque la mort sur la croix était maudite de Dieu.

40. Pourquoi le Christ a-t-il dû subir la mort?

Parce que la justice et la vérité de Dieu sont telles que nos péchés ne pouvaient être acquittés autrement que par la mort du Fils de Dieu.

41. Pourquoi a-t-il été enseveli?

Pour attester qu’il était vraiment mort.

42. Mais puisque le Christ est mort pour nous, comment se fait-il que nous devions aussi mourir?

Notre mort n’est pas un paiement pour nos péchés, mais seulement une mise à mort du péché et une entrée dans la vie éternelle.

43. Quel profit nous revient-il encore du sacrifice du Christ et de sa mort sur la croix?

Que par sa puissance notre vieil homme est crucifié, mis à mort et enseveli avec lui, afin que les mauvaises convoitises de la chair ne dominent plus en nous, mais que nous nous offrions nous-mêmes à lui en sacrifice de reconnaissance.

44. Pourquoi est-il ajouté : Il est descendu aux enfers?

Afin que dans mes plus grandes tentations, je sois bien assuré que mon Seigneur Jésus-Christ, par son angoisse inexprimable, par les tourments et les terreurs dont son âme fut saisie sur la croix et auparavant, m’a délivré de l’angoisse et des peines de l’enfer.

45. Quel profit nous revient-il de la résurrection du Christ?

D’abord, puisqu’il a vaincu la mort par sa résurrection, nous pouvons participer à la justice qu’il nous a acquise par sa mort; ensuite, par sa puissance, nous sommes nous aussi, dès maintenant, ressuscités pour une vie nouvelle; et enfin, en la résurrection du Christ, nous avons un gage certain de notre glorieuse résurrection.

46. Qu’entends-tu par ces mots : Il est monté au ciel?

Que le Christ a été élevé, aux yeux de ses disciples, de la terre au ciel. Là, il est présent pour notre bien jusqu’à son retour pour juger les vivants et les morts.

47. Le Christ n’est-il donc pas avec nous jusqu’à la fin du monde?

Le Christ est vrai homme et vrai Dieu. En sa nature humaine, il n’est plus maintenant sur la terre; mais par sa divinité, sa majesté, sa grâce et son Esprit, il ne s’éloigne jamais de nous.

48. Mais alors, si l’humanité du Christ n’est pas partout où est sa divinité, y aurait-il séparation des deux natures en Jésus-Christ?

Pas du tout, car puisque sa nature divine ne peut être enfermée et qu’elle est actuellement partout présente, il s’ensuit nécessairement qu’elle déborde l’humanité qu’elle a assumée sans cesser pour cela d’être aussi dans celle-ci et de lui demeurer personnellement unie.

49. À quoi nous sert l’ascension du Christ?

D’abord, nous avons au ciel, en Christ, notre Avocat devant la face de son Père; ensuite, ayant ainsi notre chair au ciel, nous avons un gage assuré que lui, la Tête, nous élèvera à lui, nous ses membres; et enfin, nous recevons ici-bas en retour son Esprit, comme un gage par la force duquel nous cherchons, non pas les choses qui sont sur la terre, mais celles qui sont en haut, là où le Christ siège à la droite de Dieu.

50. Pourquoi ajoute-t-on : Il siège à la droite de Dieu?

Parce que le Christ, entré au ciel, s’y manifeste comme le Chef de son Église, et que par lui le Père gouverne toutes choses.

51. À quoi nous sert cette seigneurie de notre Chef, le Christ?

Premièrement, par son Saint-Esprit il répand en nous, ses membres, les dons célestes; ensuite, par sa puissance, il nous protège et nous défend contre tout ennemi.

52. Que t’assure le retour du Christ pour juger les vivants et les morts?

Dans toute peine et persécution, j’attends du ciel la tête haute, comme juge, celui-là même qui s’est auparavant présenté pour moi devant le tribunal de Dieu, éloignant ainsi de moi toute malédiction; j’attends aussi qu’il jette dans la damnation éternelle tous ses ennemis et les miens, et qu’il me prenne au contraire avec tous les élus, dans la joie et la gloire célestes.

3. La Seconde Confession helvétique🔗

Chapitre 11. De Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, unique Sauveur du monde

1. Nous croyons et nous enseignons que le Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, a été prédestiné et établi par le Père, de toute éternité, pour être le Sauveur du monde. De même, nous croyons qu’il a été engendré du Père d’une manière ineffable, non seulement quand il a assumé notre chair dans le sein de la vierge Marie, ou un peu avant la fondation du monde, mais encore de toute éternité. Ésaïe dit : Qui racontera sa génération? (És 53.8). Et Michée : Son origine remonte au lointain passé, aux jours d’éternité (Mi 5.1). Jean, de même, dit dans l’Évangile : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu (Jn 1.1).

2. Ainsi le Fils, pour ce qui est de sa divinité, est égal et consubstantiel au Père. Il est vrai Dieu, non seulement de nom ou par adoption, ou à cause d’une dignité conférée, mais dans sa substance et sa nature. Comme le dit l’apôtre Jean ailleurs : C’est lui le Dieu véritable et la vie éternelle (1 Jn 5.20). Et l’épître aux Hébreux, semblablement : Il l’a établi héritier de toutes choses, et c’est par lui qu’il a créé les mondes. Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de son être, soutient toutes choses par sa parole puissante (Hé 1.3). Le Seigneur lui-même dit dans l’Évangile : Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que le monde fût (Jn 17.5). Et il est écrit ailleurs dans l’Évangile : Les Juifs cherchaient à le faire mourir, parce qu’il disait que Dieu était son propre Père, se faisant ainsi lui-même égal à Dieu (Jn 5.18).

3. Nous avons donc en abomination la doctrine impie d’Arius et de tous les Ariens contre le Fils de Dieu, et surtout les blasphèmes de l’Espagnol Michel Servet et de tous ses sectateurs. En effet, Satan a pour ainsi dire ressorti de l’enfer ces doctrines contre Dieu le Fils, et il les a répandues avec impudence et impiété par toute la terre.

4. Nous croyons, de même, et nous enseignons que le Fils éternel de l’éternel Dieu fut fait le Fils de l’homme, de la postérité d’Abraham et de David. Il n’a pas été engendré par un homme, ainsi que le prétendait Ebion, mais il a été conçu en toute pureté par le Saint-Esprit. Et il est né de Marie, qui est demeurée vierge, ainsi que l’histoire de l’Évangile nous l’explique en détail. L’épître aux Hébreux déclare encore : Ce n’est pas des anges, assurément, qu’il prend la nature, mais c’est de la descendance d’Abraham qu’il prend la nature (Hé 2.16). L’apôtre Jean dit de même : Tout esprit qui ne confesse pas Jésus venu en chair n’est pas de Dieu (1 Jn 4.3). La chair du Christ n’a donc pas été imaginaire ou apportée du ciel, comme l’ont rêvé Valentin et Marcion.

5. De plus, l’âme de notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas été créée sans sentiment ou raison, comme l’affirmait Apollinaire; son corps n’a pas été sans âme, ainsi qu’Eunomius l’enseignait. Mais il a eu une âme raisonnable et un corps sensible. Et c’est avec ces sens-là qu’il a éprouvé de vraies douleurs au temps de sa Passion, comme il en a lui-même témoigné : Mon âme est triste jusqu’à la mort (Mt 26.38), et : Maintenant mon âme est troublée (Jn 12.27).

6. Nous reconnaissons donc qu’il y a, dans notre seul et unique Seigneur Jésus-Christ, deux natures ou substances, l’une divine et l’autre humaine. Et nous disons qu’elles sont conjointes et unies de telle sorte qu’elles ne sont ni absorbées l’une par l’autre, ni confondues ou mélangées; mais les propriétés de chaque nature sont permanentes, étant conservées et unies en une seule personne. Par conséquent, nous adorons un seul Christ, notre Seigneur, et non pas deux : un seul vrai Dieu et vrai homme, consubstantiel au Père quant à sa nature divine, et de la même substance que nous quant à son humanité, nous étant en toutes choses semblable, excepté le péché.

7. De la sorte, de même que nous avons en horreur la doctrine de Nestorius qui, du seul Christ, en faisait deux et dissolvait ainsi l’unité de la personne, de même, nous rejetons la folie d’Eutychès et des monothélites, ou monophysites, qui abolissaient les propriétés de la nature humaine.

8. Nous n’enseignons donc en aucune manière que la nature divine en Christ ait souffert, ou que le Christ soit encore dans ce monde ou partout présent selon sa nature humaine. En effet, nous ne pensons ni ne croyons que le corps du Christ ait cessé d’être un véritable corps suite à sa glorification, ou qu’il ait été déifié ou même divinisé au point d’avoir été dépouillé de ses propriétés corporelles et psychiques, ou qu’il ait été transformé en la nature divine et soit devenu avec elle une seule substance.

9. Par conséquent, nous n’approuvons ni ne recevons les subtilités spécieuses et les arguments compliqués et obscurs de Schwenkfeld ou d’autres, qui ne cessent de se contredire sur ces sujets; et nous ne sommes aucunement schwenkfeldiens.

10. De plus, nous croyons que notre Seigneur Jésus-Christ a réellement souffert et qu’il est mort pour nous dans la chair, comme le dit Pierre (1 Pi 4.1). Nous avons donc en abomination la folie impie des jacobites et de tous les Turcs, qui considèrent la Passion du Seigneur comme une exécration. Cependant nous ne nions pas, suivant les paroles de Paul, que le Seigneur de gloire a été crucifié pour nous (1 Co 2.8). En effet, nous recevons dans une attitude de piété et de révérence la communication des attributs et nous y faisons appel, conformément à l’Écriture. Cette doctrine a été universellement enseignée dans l’Antiquité pour expliquer et harmoniser certains passages de l’Écriture qui sembleraient se contredire.

11. Nous croyons et nous enseignons que ce même Seigneur Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts avec un vrai corps — celui dans lequel il a été crucifié et est mort. Il n’est pas ressuscité avec une autre chair que celle de sa sépulture, ni de façon spirituelle, mais en gardant son vrai corps. De la sorte, lorsque les disciples croyaient voir l’esprit du Seigneur, il leur montra ses mains et ses pieds, qui portaient les marques des clous et des blessures. Et il ajouta : Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi; touchez-moi et voyez; un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai (Lc 24.39).

12. Nous croyons que notre Seigneur Jésus-Christ, dans cette même chair, est monté par-delà tous les cieux visibles au ciel même, au trône de Dieu et à la demeure des saints glorifiés, à la droite de Dieu le Père. Or, bien que cela signifie que le Christ participe à une même gloire et à une même majesté que le Père, néanmoins, cette expression se réfère aussi à un lieu précis. Le Seigneur en parle dans l’Évangile, disant : Je vais vous préparer une place (Jn 14.2); l’apôtre Pierre dit, de même : C’est lui que le ciel doit recevoir jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses (Ac 3.21).

13. Ce même Christ reviendra des cieux pour le jugement, lorsque l’iniquité aura atteint son comble dans le monde et que l’Antichrist, ayant corrompu la vraie religion, aura rempli toutes choses de superstition et d’impiété et qu’il aura dévasté l’Église dans le sang et le feu. Le Christ reviendra alors pour délivrer les siens, détruire l’Antichrist par son avènement, et juger les vivants et les morts. En effet, les morts ressusciteront et, en ce jour-là (qui est inconnu à toutes les créatures), ceux qui seront trouvés en vie seront changés en un instant, en un clin d’œil. Et tous les fidèles seront pris ensemble dans les airs à la rencontre du Christ, afin qu’avec lui ils entrent dans le lieu de bénédiction et y vivent pour toujours. Mais les incrédules et impies descendront avec les démons en enfer, au feu éternel, sans jamais être délivrés de leurs tourments.

14. Nous condamnons donc tous ceux qui nient la véritable résurrection de la chair ou qui, avec Jean de Jérusalem (contre lequel Jérôme a écrit), ne proposent pas un enseignement juste sur les corps glorifiés. Nous condamnons, de même, ceux qui croient que les démons et les méchants finiront tous par être sauvés et que leurs peines prendront fin à l’avenir. Car le Seigneur a clairement affirmé : Leur ver ne meurt pas, et le feu ne s’éteint pas (Mc 9.44,46,48). Nous condamnons, de plus, les rêves rabbiniques affirmant qu’avant le jour du jugement il y aura sur la terre un âge d’or, et que les saints posséderont les royaumes du monde, ayant foulé aux pieds leurs ennemis. En effet, la vérité de l’Évangile et la doctrine des apôtres avancent un enseignement tout autre.

15. Par sa Passion, sa mort et tout ce qu’il a fait et souffert pour nous à partir de son incarnation, notre Seigneur a réconcilié le Père céleste avec tous les croyants; il a expié le péché, dépouillé la mort, brisé la condamnation et l’enfer. Par sa résurrection d’entre les morts, il a ramené et restitué la vie et l’immortalité. Il est ainsi notre justice, notre vie et notre résurrection, bref, la plénitude et la perfection de tous les fidèles, leur salut et leur entière suffisance. L’apôtre dit en effet : Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude (Col 1.19), et vous avez tout pleinement en lui (Col 2.10).

16. Par conséquent, nous enseignons et nous croyons que ce même Jésus-Christ, notre Seigneur, est l’unique et éternel Sauveur du genre humain, voire du monde entier : en lui ont été sauvés par la foi tous ceux qui, avant la Loi, sous la Loi et sous l’Évangile, ont obtenu le salut, ainsi que tous ceux qui seront sauvés jusqu’à la fin du monde. En effet, le Seigneur lui-même dit dans l’Évangile : Celui qui n’entre point par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par un autre côté, celui-là est un voleur et un brigand (Jn 10.1); je suis la porte des brebis (Jn 10.7). Il dit encore, dans un autre passage du même Évangile : Abraham, votre père, a tressailli d’allégresse à la pensée de voir mon jour : il l’a vu et il s’est réjoui (Jn 8.56). Et l’apôtre Pierre, de même : Le salut ne se trouve en aucun autre; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés (Ac 4.12). Nous croyons donc que nous serons sauvés, comme nos pères, par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ. L’apôtre Paul dit également : Nos pères ont tous mangé le même aliment spirituel, et ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était le Christ (1 Co 10.3-4). D’où nous lisons ce que Jean dit : Le Christ est l’Agneau immolé dès la fondation du monde (Ap 13.8). Et Jean-Baptiste témoigne que le Christ est l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde (Jn 1.29).

17. Nous déclarons donc ouvertement et nous prêchons que Jésus-Christ est l’unique Rédempteur et Sauveur du monde, notre Roi et Souverain Sacrificateur, le vrai Messie attendu. C’est lui, le Saint et le Béni, que toutes les préfigurations de la Loi et tous les oracles des prophètes ont représenté et promis, et que Dieu nous a accordé et envoyé, afin que nous ne nous attendions à aucun autre. Aussi, que reste-t-il à faire sinon que, tous, nous lui accordions tout l’honneur, que nous croyions et reposions en lui seul, que nous méprisions et rejetions tout autre secours pour notre vie? Car ils sont déchus de la grâce de Dieu et ne trouvent en Christ aucun profit, ceux qui cherchent leur salut ailleurs qu’en lui seul.

18. Pour dire sur ce sujet beaucoup de choses en peu de mots : nous croyons de tout notre cœur et nous professons de la bouche, en toute franchise, tout ce qui a été proposé par les Saintes Écritures au sujet de ce mystère de l’incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ, et qui est compris dans les symboles et décisions des quatre premiers et excellents conciles : conciles tenus à Nicée, à Constantinople, à Éphèse et à Chalcédoine. Nous retenons avec eux le Symbole d’Athanase, ainsi que tout autre symbole semblable, et nous condamnons tout ce qui leur est opposé. Nous retenons par conséquent, d’une manière entière et inviolable, la foi chrétienne, orthodoxe et catholique, sachant que ces symboles ne contiennent rien qui ne soit conforme à la Parole de Dieu et utile pour l’explication sincère de la foi.