Cet article sur la question 44 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la descente de Jésus en enfer. Il a souffert l'angoisse et les tourments sur la croix et auparavant, pour nous délivrer de l'angoisse et des tourments de l'enfer.

Source: Certitude et réconfort. 4 pages.

Jésus est descendu aux enfers

Pourquoi est-il ajouté : il est descendu aux enfers?

Afin que dans mes plus grandes tentations, je sois bien assuré que mon Seigneur Jésus-Christ, par son angoisse inexprimable, par les tourments et les terreurs dont son âme fut saisie sur la croix et auparavant1, m’a délivré de l’angoisse et des peines de l’Enfer2.

1. Ps 18.5-6; Ps 116.3; Mt 26.36-46; Mt 27.45-46; Hé 5.7-10.
2. És 53.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 44

  1. Quel est le sens de cette expression?
  2. Jésus est-il allé en enfer après sa mort?
  3. Alors quand Jésus a-t-il souffert l’enfer?
  4. Quels sont les bienfaits pour nous?

1. Quel est le sens de cette expression?🔗

« Il est descendu aux enfers. » Qu’est-ce que cette affirmation peut bien vouloir dire? Cette étape du ministère de Jésus paraît mystérieuse. Dans l’histoire de l’Église, cet article du Symbole des apôtres a d’ailleurs été interprété de diverses façons. À l’origine, il semble que cette phrase ait voulu dire que le corps de Jésus, quand il est mort, est resté dans le tombeau jusqu’à sa résurrection, que son esprit est allé avec le Père, mais que son corps était dans le domaine de la mort. Le mot « enfer » ou « hadès » peut avoir le sens de « séjour des morts ». Certaines versions du Symbole traduisent : « Il est descendu au séjour des morts. » Dans ce cas, cela n’aurait rien à voir avec l’enfer dans le sens d’un châtiment et de souffrances éternelles. Jésus est mort, il a été enseveli et il est physiquement resté dans le tombeau — le domaine de la mort — jusqu’au matin de Pâques.

Bien que la Confession de foi de Westminster n’utilise pas cette expression et qu’elle ne commente pas directement le Symbole des apôtres, c’est cet aspect de l’oeuvre du Christ qu’elle a retenu quand elle affirme que le Christ « est demeuré au pouvoir de la mort » :

« Il a été crucifié et il est mort; il a été enseveli et il est demeuré au pouvoir de la mort sans connaître cependant la corruption. Le troisième jour, il est ressuscité des morts » (art. 8.4).

Par la suite, cette phrase du Symbole a pris un autre sens. Les catholiques romains disent qu’après sa mort, Jésus serait descendu aux enfers, c’est-à-dire dans les limbes des patriarches, où les croyants de l’Ancien Testament auraient attendu la révélation et l’application de sa rédemption. Jésus leur aurait prêché l’Évangile et les aurait alors amenés au ciel. Les luthériens, quant à eux, disent que la descente de Jésus aux enfers serait la première étape de son exaltation. Jésus serait allé dans le monde d’en bas pour y révéler sa victoire sur Satan et sur les puissances des ténèbres et pour y prononcer leur condamnation.

Le Catéchisme de Heidelberg l’explique autrement. L’explication est très belle et profonde. Nous ne pouvons pas dire avec certitude si telle était la signification du Symbole à l’origine, mais l’explication est tout à fait biblique. Le mot « enfer » est compris comme étant une expression du jugement de Dieu. C’est le deuxième sens possible du mot enfer, l’endroit de souffrance où vont les damnés.

2. Jésus est-il allé en enfer après sa mort?🔗

D’après la Bible, il existe trois sortes de morts : la mort spirituelle, la mort physique et la mort éternelle. Toutes les trois sont des conséquences du péché. Parfois, la Bible nous parle de deux morts : la première mort, qui est la mort physique, et la seconde mort, qui est la mort éternelle en enfer (Ap 2.11; 20.6,14; 21.8). Nous méritons la mort maintenant et pour l’éternité. La bonne nouvelle, c’est que Jésus nous en délivre! Il a payé toute notre dette, nous sommes libérés! Mais alors, pour nous délivrer, Jésus n’aurait-il pas dû mourir éternellement en enfer à notre place? Jésus est-il vraiment allé en enfer et, si oui, quand y est-il allé?

Il est important de corriger une fausse idée. Le Symbole des apôtres nous dit : « Jésus a souffert sous Ponce Pilate, il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli. » Il dit ensuite que Jésus est « descendu aux enfers ». Cela donne l’impression d’un ordre chronologique. Jésus serait allé en enfer après sa mort. Autrement dit, il serait d’abord passé par la première mort, ensuite il serait allé en enfer mourir la seconde mort. En réalité, pour lui, l’ordre des deux morts a été renversé. Jésus a d’abord subi la deuxième mort, ensuite il est passé par la première mort. Il a d’abord subi les souffrances les plus atroces de l’enfer, puis il est mort physiquement.

Nous savons que Jésus n’a jamais eu besoin de passer l’éternité en enfer à notre place. Dès le troisième jour, il est ressuscité des morts. Aujourd’hui, il est au ciel dans la gloire avec son Père. Aucun texte biblique ne dit non plus que Jésus aurait souffert dans son âme après sa mort. Les textes utilisés par les catholiques romains ou les luthériens pour justifier l’idée d’une descente dans les « limbes », ou aux enfers, ne mentionnent pas de souffrances de Jésus durant ce supposé ministère. Pour eux, Jésus serait allé « en enfer » dans la gloire et le triomphe de sa rédemption.

3. Alors quand Jésus a-t-il souffert l’enfer?🔗

La réponse du Catéchisme nous parle de « son angoisse inexprimable, des tourments et des terreurs dont son âme fut saisie sur la croix et auparavant » (Q&R 44). Sur la croix et auparavant! L’enfer, Jésus l’a vécu sur terre! Ou plutôt, entre ciel et terre.

Quand nous disons que le Christ est descendu en enfer, c’est une façon de parler. Ses souffrances sur la croix étaient comparables au châtiment éternel. Rappelons-nous qui a souffert : le Fils éternel de Dieu, Jésus-Christ le Juste. L’intensité de ses souffrances est impossible à concevoir. Nous méritons des souffrances éternelles. Voilà ce qu’il a enduré pendant un temps très limité, parce que ses souffrances étaient condensées dans une intensité inimaginable. Au jardin, il a vécu l’agonie; la sueur de sang coulait à grosses gouttes. Sur la croix, les tourments intérieurs qu’il a ressentis ne pouvaient être pires.

« Depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre. Vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Mt 27.45-46).

Dans la Bible, la lumière symbolise la présence de Dieu. L’obscurité symbolise son absence. Quand Jésus était sur la croix, Dieu a éteint la lumière du soleil pendant trois heures. Dieu le Père s’est éloigné de son Fils. Celui-ci était puni, maudit, rejeté. La colère de Dieu la plus terrible est tombée sur lui. Il a été abandonné aux pires tourments de l’enfer. Pendant ces trois heures, Jésus a expérimenté « les ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents » (voir Mt 8.12). C’est ce que la Bible appelle « la seconde mort » ou encore « l’étang brûlant de feu et de soufre » (Ap 21.8). Autrement dit, l’immense colère de Dieu contre le péché a été pleinement déversée sur lui. Quelle est la pire chose qui puisse nous arriver? C’est d’aller en enfer. Quelle est la pire chose qui puisse exister en enfer? Non pas seulement de souffrir, mais d’être abandonné de Dieu, éternellement abandonné, laissé à soi-même pour toujours. Dieu a abandonné son Fils sur la croix! Jésus, sur la croix, a vécu une angoisse inexprimable, des tourments extrêmes.

La bonne nouvelle, c’est que Jésus n’a pas succombé à ces tourments. Il a été capable de supporter la terrible colère de Dieu sans être anéanti. Il est ressorti vainqueur de la seconde mort. La lumière du soleil est réapparue. Juste avant de mourir, Jésus s’est écrié : « Tout est accompli » (Jn 19.30). Ses souffrances expiatoires étaient complétées. Tous nos péchés placés sur lui étaient finalement expiés. La justice de Dieu était satisfaite. Comment aurait-il pu avoir besoin d’aller encore souffrir en enfer? Jésus n’avait plus besoin de craindre le terrible jugement de Dieu. Il venait de le traverser. Il pouvait maintenant mourir en toute confiance. « Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et en disant ces paroles, il expira » (Lc 23.45).

Jésus est mort paisiblement. L’angoisse avait complètement disparu. La séparation d’avec son Père avait pris fin. La communion avait repris. La colère de son Père envers nous était enfin apaisée! Jésus était sûr que son esprit allait maintenant être placé entre les bonnes mains du Père. Il a vaincu la seconde mort. La mort physique était pour lui la porte d’entrée dans la gloire de son Père céleste. Sa mort était un gain. Plus rien ne pouvait le séparer de l’amour de Dieu.

4. Quels sont les bienfaits pour nous?🔗

Pour les catholiques romains, les bienfaits de la visite du Christ dans les limbes s’appliqueraient aux fidèles de l’Ancien Testament qui auraient été enfin transportés au ciel avec Dieu. Pour les luthériens, les bienfaits de la proclamation de sa victoire aux démons et aux damnés ne s’appliqueraient qu’à Dieu et à la gloire de son Fils, puisque les démons et les damnés restent dans leur damnation. Seuls les réformés parlent de bienfaits pour nous aujourd’hui. Quels sont ces bienfaits?

« Afin que dans mes plus grandes tentations, je sois bien assuré que mon Seigneur Jésus-Christ, par son angoisse inexprimable, par les tourments et les terreurs dont son âme fut saisie sur la croix et auparavant, m’a délivré de l’angoisse et des peines de l’Enfer » (Q&R 44).

Les tourments inexprimables du Seigneur Jésus sur la croix nous libèrent de la peur de mourir (Hé 2.15). Ils nous délivrent de l’angoisse des peines éternelles de l’enfer. C’est une application pratique et pastorale très profonde pour nos vies!

Il est allé en enfer pour nous. Cela veut dire que nous n’irons jamais en enfer, dans la mort éternelle. Cela veut également dire que la vie sur terre ne pourra jamais être un enfer. Par amour pour son Fils, Dieu ne nous abandonnera jamais. La peur nous paralyse souvent. Nous avons des soucis, des anxiétés. Nous avons peur de mourir. Nous avons des inquiétudes pour le lendemain. Il peut nous arriver de nous sentir seuls, abandonnés par Dieu, loin de lui. Dieu nous aurait-il laissés à nous-mêmes? Les doutes viennent nous troubler. Ceux qui sont déjà passés par des dépressions ont une idée de ce que se sentir abandonné de Dieu représente. Un enfant de Dieu peut-il réellement être abandonné par Dieu, son Père? Un chrétien n’est pas à l’abri de l’angoisse ou de la dépression, mais la lumière finit par revenir. La joie du Seigneur et la communion avec Dieu sont plus fortes.

Le message de la croix est une source de profond réconfort. Quelle joie d’être délivrés de nos angoisses et des tourments de l’enfer! Remarquez l’usage de la première personne. « Il m’a délivré… » Quand je suis triste, quand je suis tenté, quand j’ai l’impression que Dieu est loin, je dois me rappeler ce que Jésus a fait pour moi. Il a vécu l’enfer sur la croix pour que j’aie une communion éternelle avec lui et avec le Père. En dehors de Jésus-Christ, j’ai toutes les raisons de craindre la mort. En lui et uni à lui, il n’y a plus de raison d’avoir peur, ni de la mort physique, qui est une porte d’entrée au ciel, ni de la seconde mort, que je n’aurai jamais à subir. J’ai la promesse que rien ne pourra me séparer de l’amour de Dieu, même dans les moments les plus sombres. Jésus est mort sur la croix pour que je puisse vivre éternellement! Le bon Berger a donné sa vie pour ses brebis, pour que nous ayons la vie en abondance. Soyons dans la joie! Louons le Seigneur!