Cet article a pour sujet la foi au Dieu Créateur fondée sur la révélation de l'oeuvre créatrice de Dieu dans Genèse 1. Elle est opposée à la théorie de l'évolution et aux mythes des peuples anciens. Cette foi donne sens à notre vie.

Source: Croire pour comprendre. 3 pages.

Le Dieu Créateur

« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » (Gn 1.1). À peine la première page de notre Bible est-elle tournée que celle-ci nous met face à face avec le Dieu Créateur. L’homme et l’univers dans lequel celui-ci se meut ne sont dus ni à un accident ni au hasard, mais sont l’œuvre pensée, projetée et réalisée par l’Esprit et la Parole divine. Avant l’univers (espace), avant l’histoire (temps), il y avait Dieu. Il était au commencement.

C’est le témoignage unique de la Bible, qui ne vient pas à nous comme un traité de philosophie ou comme un manuel scientifique, mais comme un témoignage vibrant de foi et solide de certitude, rendu à l’œuvre créatrice d’un Dieu personnel. Nous y chercherions en vain ces arguments que l’on dit « irréfutables ». La Bible ne prend même pas la peine de faire précéder ce témoignage direct d’une préface, d’une notice explicative. Elle nous introduit d’emblée en la présence de Dieu et fait les présentations d’usage : Voici votre Dieu le Créateur; vous, vous êtes sortis de sa bouche et vous êtes animés par son souffle.

Je n’ignore pas les objections que va soulever cette affirmation qui a donné si souvent lieu à des malentendus, et qui, parfois, est présentée d’une façon caricaturale dans laquelle on ne saisit plus la communication d’une vérité vivante. Je voudrais éviter toute polémique avec les rationalistes ou avec les partisans acharnés de l’absurde et du hasard. Mon propos n’est pas de me battre, mais de bâtir et de consolider l’édifice de notre foi. Pourtant, je ne puis éviter, même brièvement, de donner quelques explications et de mettre quelques points sur les i… Quelle est la vérité sur la relation entre la Bible et ce que l’on a coutume d’appeler les faits, qui ne sont le plus souvent que de simples « théories » scientifiques?

Depuis fort longtemps, la querelle est ouverte, et à moins d’être naïf ou exagérément optimiste, on ne peut éluder certaines difficultés. Face au Dieu Créateur, nous sommes assaillis par un anti-dogme qui se veut infaillible : la théorie de l’évolution!

Création et évolution sont deux thèses qui s’excluent, car elles sont contradictoires. La théorie de l’évolution, à laquelle je donne ici un sens particulier, admet un processus de développement de la vie entièrement déterminé par des forces inhérentes au monde naturel. Ces forces, affirme-t-on, excluent toute ingérence, toute direction et tout contrôle de la part de Dieu, même si certains évolutionnistes en admettent l’existence. En créant, Dieu a suivi un plan progressif et a veillé sur un certain ordre afin que la création s’achève harmonieusement. Le texte biblique attire bien notre attention sur ce progrès : nous lisons d’abord l’apparition de la lumière, ensuite de la terre solide, puis de la vie végétale suivie de celle des animaux, le tout couronné par l’apparition de l’homme.

Le chrétien que je suis ne saurait rester aveugle aux faits scientifiques — les vrais — ni les craindre. Toute découverte en matière de paléontologie, de géologie, etc., devrait être accueillie et examinée avec soin. Elle peut parfaitement corroborer la thèse biblique de la création et non la nier. En vérité, il n’existe aucune contradiction entre les faits de la nature et la révélation contenue dans l’Écriture. Dieu est le Dieu de la vérité qui ne se contredit jamais, ni dans la nature ni dans la rédemption. Toutefois, soyons attentifs à ne pas confondre les faits scientifiques avec les hypothèses émises par certains savants. Avons-nous, par exemple, toutes les preuves requises pour établir le bien-fondé d’un fait scientifique? Ces fameux « faits » qui ne sont peut-être que la conjecture d’un savant?

Rappelez-vous cette déplorable — et combien ridicule — assertion du Néerlandais Dubois qui, au siècle dernier, dans ses explorations sur l’île de Java, était tombé sur des vestiges de plusieurs squelettes : un tibia ici, un crâne ailleurs, et les avait réunis pour défendre sa thèse de l’évolution des espèces, pensant que sa découverte étayait l’affirmation « scientifique » selon laquelle l’homme descend du singe! Un examen sérieux a démontré par la suite l’inanité de cette idée; on sait à présent que le crâne découvert était bien celui qu’un homme avait dû porter sur ses épaules, mais que le tibia, quant à lui, faisait partie de l’anatomie d’un chimpanzé… La relation entre les deux était due à l’imagination trop fertile du savant néerlandais. C’est ainsi qu’il y a autant de différence entre le tibia d’un singe et le crâne d’un homme, qu’entre les faits réellement scientifiques et la fiction de certains incroyants.

Assurons-nous inversement, malgré notre intention de croire et de défendre la foi biblique, de ne pas faire dire à la Bible plus qu’elle ne révèle. Lorsque nous examinons la Bible et les faits scientifiques, nous apercevons qu’il n’y a aucune contradiction entre la première et ces derniers.

Mais revenons, voulez-vous, au récit de la création. Pourquoi la Bible emploie-t-elle un tel langage?

Nul n’ignore que l’Écriture reflète la mentalité hébraïque d’il y a trois mille ans, car elle fut rédigée à l’attention des Israélites, peuple de nomades, puis d’agriculteurs. Ses pages ne se préoccupent pas d’abord des catégories scientifiques modernes ni d’une culture hautement intellectualisée. Lorsqu’elle parle de Dieu, elle a recours à un style et à un vocabulaire anthropomorphiques, c’est-à-dire représentant Dieu et ses activités sous forme humaine. Le récit de la Genèse n’est pas un froid traité scientifique rédigé par un observateur neutre qui, telle Sirius, regarderait la terre et les humains d’en haut, sans prendre part au merveilleux déroulement des événements. Au contraire, l’auteur mêle son souffle à celui de tous en vivant intensément ce qu’il révèle et décrit. Son Dieu est l’Architecte majestueux et l’Artiste par excellence. Le grand crescendo de ses actes créateurs nous parvient exclusivement par sa révélation. Notre esprit peut échafauder des théories; mais la foi attentive saisit au vif l’action du Dieu trinitaire. Ainsi que l’écrit l’auteur de la lettre aux Hébreux : « C’est par la foi que nous comprenons que le monde a été formé par la parole de Dieu » (Hé 11.3).

L’histoire de la création a été transmise de génération en génération, depuis l’aube de l’humanité, par des confesseurs du Dieu Créateur, pour être finalement rédigée par Moïse sous sa forme définitive comme la version exceptionnelle et autorisée de nos origines, dont Dieu lui-même est l’Auteur ultime. À la fois texte historique et culturel, ce récit émerveille le lecteur qui, par son moyen, y rencontre le Dieu Créateur. Si certains points demeurent obscurs, les points lumineux, eux, restent de loin les plus nombreux.

Comparez seulement un instant le récit biblique aux légendes et aux mythes des peuples anciens. Les théogonies et les cosmogonies de ces derniers ne sont qu’une misérable narration mythique. Les luttes entre dieux, leurs crimes, les conflits entre Tiamat et Marduc ici, Isis et Osiris là, même entre les plus « civilisés » d’entre eux que sont les Grecs Chronos et Zeus, ne peuvent donner naissance à d’autres divinités qu’avec des lambeaux de leur chair déchirée : c’est de ceux-ci que dérivent le ciel et la terre…

La création, d’après la Genèse, est faite ex nihilo, à partir du néant. L’agent exclusif en est la Parole créatrice de Dieu. Une volonté ordonnatrice règle et précise toute chose. Le fait que le style de la Bible puisse apparaître aux yeux de certains comme quelque peu naïf n’ôte rien à l’assurance que nous avons de posséder le récit authentique des origines de l’univers et de la vie qui le peuple.

En tant que lecteur de la Bible, je sais donc une chose : je ne suis pas le produit du hasard. S’il n’y avait pas eu le Dieu Créateur au commencement, je ne pourrais pas le rencontrer au milieu ou à la fin comme Dieu Rédempteur, en qui j’ai mis tout mon espoir. Je sais que l’univers, comme mon propre corps, est son œuvre. Autour de moi, tout témoigne de son Être. Pourrais-je demeurer insensible?

« Les hommes sont tellement acharnés à voir ce qu’ils construisent eux-mêmes qu’ils n’ont plus d’yeux pour regarder autour d’eux et voir ce que Dieu a créé. Pauvres fous que nous sommes de ne pas nous en rendre compte. Nous nous comportons dans l’univers, création de Dieu — pardonnez-moi — comme des chiens dans une splendide galerie de peinture. Nous voyons les tableaux et nous ne les voyons pas. Notre folie, notre enflure, notre péché empêchent de voir le Dieu Créateur… écoliers indociles pour lire dans le livre de la nature… mais sans lui, tu n’es rien. Ta vie est dans sa main. Tu lui appartiens corps et âme. Il veut t’avoir pour lui. Il ne s’agit pas d’une intéressante théorie sur l’origine du monde, mais si tu crois cela ta vie a un sens, tu es un autre homme. Ce n’est que maintenant que tu es un homme » (Emil Brunner).