Cet article sur la Confession des Pays-Bas (article 33) a pour sujet la nécessité et l'utilité des sacrements que Dieu utilise pour nous confirmer ses promesses et nous soutenir dans notre faiblesse.

Source: La raison de notre espérance. 4 pages.

La nécessité et l’utilité des sacrements

Les sacrements

« Nous croyons que notre Dieu de grâce, ayant égard à notre ignorance et notre faiblesse, a ordonné des sacrements pour sceller en nous ses promesses, pour être des gages de sa bonne volonté et de sa grâce envers nous, et pour nourrir et soutenir notre foi. Il les a ajoutés à la Parole de l’Évangile pour mieux représenter à nos sens extérieurs ce qu’il nous déclare dans sa Parole et ce qu’il fait intérieurement dans nos cœurs. Il nous confirme ainsi le salut qu’il nous accorde. Les sacrements sont des signes et des sceaux visibles d’une réalité intérieure et invisible, au moyen desquels Dieu œuvre en nous par la puissance du Saint‑Esprit. Ces signes ne sont donc pas inutiles ni dénués de sens. Ils ne peuvent nous tromper ni nous décevoir, car Jésus‑Christ est leur vérité. Sans lui, ils n’auraient aucune valeur.

De plus, nous nous contentons du nombre de sacrements que Christ, notre Maître, nous a ordonnés, soient deux seulement : le baptême et la sainte cène de notre Seigneur Jésus‑Christ. »

Confession de foi des Pays-Bas, article 33

  1. Nous avons besoin des sacrements
  2. Les sacrements nous sont très utiles

La doctrine des sacrements est un sujet qui a été vivement débattu au temps de la Réformation et qui est encore aujourd’hui la cause de douloureuses divisions parmi les chrétiens. D’où l’importance de nous y arrêter en prenant le temps d’examiner les trois articles de la Confession de foi des Pays-Bas qui en parlent en détail.

L’article 33 n’est pas un traité complet sur les sacrements en général, mais nous présente l’essentiel de ce que nous avons besoin de connaître à ce sujet et ce qui est commun aux deux sacrements du baptême et de la cène. Bien qu’il vise à réfuter les erreurs des catholiques romains et des anabaptistes, son contenu célèbre avant tout la bonté de Dieu qui nous est présentée dans les sacrements, afin de réchauffer nos cœurs tièdes, nous faire grandir dans l’amour de Dieu et nous pousser à le louer pour sa grande bonté envers nous en Jésus-Christ.

1. Nous avons besoin des sacrements🔗

Pourquoi avons-nous besoin des sacrements? Si le Seigneur a jugé bon d’instituer les sacrements pour qu’ils soient perpétuellement célébrés dans son Église, il devait sûrement avoir de bonnes raisons. Le don des sacrements démontre que Dieu, dans sa grande bonté, prend soin des siens. « Nous croyons que notre Dieu de grâce, ayant égard à notre ignorance et notre faiblesse, a ordonné des sacrements pour sceller en nous ses promesses » (art. 33). Notre Dieu sait très bien que nous sommes faibles, imparfaits et encore pécheurs. Malgré le fait que le Saint-Esprit a fait naître en nous la foi, il reste encore en nous beaucoup d’incrédulité qui s’oppose à sa Parole et qui nous fait souvent douter de ses promesses.

Notre Dieu connaît nos luttes et nos combats. Il sait que nous nous demandons parfois s’il nous aime réellement et s’il sera toujours fidèle à nous pardonner et à nous conduire. De plus, la réalité semble souvent contredire ce que Dieu nous dit, ce qui contribue encore à nous faire douter. En nous donnant les sacrements, notre Dieu descend à notre niveau et vient nous aider dans nos faiblesses. Il est sensible à notre insensibilité! Il a bien voulu nous encourager dans nos luttes et nous fortifier dans notre foi en nous donnant des images qui illustrent visiblement le message de l’Évangile et qui nous certifient que sa Parole est digne de confiance.

Toute l’histoire de la rédemption nous montre notre besoin des sacrements. Lorsque Dieu a promis à Noé qu’il ne détruirait plus la terre par le déluge, il a ajouté le signe visible de l’arc-en-ciel pour confirmer sa promesse (Gn 9.13-17). Au milieu des pluies torrentielles, ce signe est rassurant!

Lorsqu’Abraham est arrivé à un âge avancé et après avoir douté des promesses de Dieu en allant vers Agar pour avoir un enfant, Dieu s’est présenté à lui pour confirmer son alliance avec lui et sa descendance. Dans sa grâce, Dieu a bien voulu lui confirmer ses promesses en ajoutant le signe de la circoncision. « Vous vous circoncirez comme signe d’alliance entre vous et moi. [] Ce sera dans votre chair une alliance perpétuelle » (Gn 17.11,13). Cette alliance avec Abraham était tout à fait remarquable. Elle lui annonçait que Dieu serait son Dieu et celui de sa descendance après lui. Dieu lui promettait son amour, sa protection, une magnifique relation d’alliance avec lui et avec ses innombrables enfants à venir, alors qu’Abraham avait 99 ans et n’avait pas encore d’enfant. Dieu a pris en considération le fait que la nature humaine pécheresse est portée à douter de ses promesses extraordinaires. Considérant son âge avancé, il était prévisible qu’Abraham ait des doutes et qu’il remette en question les magnifiques promesses de Dieu. La circoncision lui a été donnée pour l’aider à croire et pour l’encourager dans sa faiblesse.

Plus tard, Dieu a donné à Moïse des signes pour le convaincre qu’il était bien envoyé en mission auprès du pharaon (Ex 4.1-7). Par la suite, le sang de l’agneau badigeonné sur les cadres de porte des Israélites en Égypte avait pour but de les aider à croire que Dieu les épargnerait, eux et leurs enfants (Ex 11 et 12).

Dieu a institué la fête de la Pâque pour qu’Israël se souvienne qu’ils ont été délivrés d’Égypte par la puissance de Dieu et pour les encourager à compter sur la fidélité de Dieu à l’avenir. Le sang versé de l’agneau pascal annonçait d’avance le sacrifice de Jésus sur la croix et donnait l’assurance au peuple d’Israël que Dieu était toujours disposé à pardonner leurs péchés.

Plus tard, Gédéon a reçu de Dieu jusqu’à deux signes pour l’aider à croire (Jg 6). Ézéchias avait besoin d’un signe de Dieu lui confirmant qu’il guérirait (2 R 20.8-11). Certains signes étaient temporaires et donnés seulement à des individus, d’autres ont été institués en permanence pour l’ensemble du peuple d’Israël.

Nous ne sommes pas meilleurs que les fidèles d’autrefois qui ont souvent douté de la Parole de Dieu. L’une des stratégies les plus efficaces du diable est de semer le doute dans le cœur des croyants. Rappelons-nous sa première ruse, quand il avait réussi à faire douter Ève au sujet des bonnes intentions de Dieu et de la vérité de sa parole. Nous sommes tous en danger, un jour ou l’autre, de nous laisser envahir par le doute et l’incertitude. Nous sommes comme ce père de l’enfant possédé d’un esprit mauvais qui a dit à Jésus : « Je crois! Viens au secours de mon incrédulité » (Mc 9.24).

Pour nous secourir dans notre faiblesse, Dieu a bien voulu joindre à sa Parole les sacrements qu’il a gracieusement donnés à son Église. Nous pouvons nous appuyer sur ces piliers pendant que nous nous fatiguons à courir, afin de continuer à marcher avec Dieu et de persévérer dans la foi.

2. Les sacrements nous sont très utiles🔗

Nous devons faire attention de ne pas surestimer l’importance des sacrements, comme le font les catholiques romains. L’Église romaine dit que le sacrement agit « ex opere operato », c’est-à-dire par le fait même que l’action est accomplie. Les sacrements seraient des canaux de la grâce qui nous serait communiquée efficacement, de façon mécanique. Dans cette optique, les sacrements deviennent pratiquement nécessaires au salut. Du moins, certaines grâces ne pourraient nous être conférées sans les sacrements. L’Église romaine enseigne également la nécessité d’être baptisé pour être sauvé.

À l’opposé, nous devons également faire attention de ne pas sous-estimer l’importance des sacrements, comme le font les anabaptistes et comme l’a fait Ulrich Zwingli, le réformateur de Zurich. D’après eux, les sacrements ne seraient qu’un symbole et un signe commémoratif, sans véritable utilité actuelle pour des fidèles, si ce n’est de nous souvenir de ce que Jésus a fait pour nous.

Nous ne croyons pas que les sacrements sont nécessaires à notre salut ni qu’ils nous communiquent efficacement une grâce. Nous croyons toutefois qu’ils nous sont très utiles pour notre foi. Nous disons qu’ils sont des « moyens de grâce », c’est-à-dire des outils que le Saint-Esprit utilise pour nous encourager et nous faire grandir dans la foi. Nous avons donc la responsabilité d’utiliser à bon escient ces outils que Dieu met à notre disposition pour notre bien. Quoique non nécessaires à notre salut, nous n’avons pas le droit de négliger les sacrements que Dieu, dans sa sagesse, a jugé bon et utile de nous prescrire pour notre bien. Si nous les négligions, ce serait nous prétendre plus sages que lui et suffisamment forts pour pouvoir nous passer de ces moyens.

Quelle est donc l’utilité des sacrements?

« Nous croyons que notre Dieu de grâce, ayant égard à notre ignorance et notre faiblesse, a ordonné des sacrements pour sceller en nous ses promesses, pour être des gages de sa bonne volonté et de sa grâce envers nous, et pour nourrir et soutenir notre foi » (art. 33).

Les sacrements scellent en nous les promesses de Dieu. Autrement dit, le Seigneur nous donne ses promesses de façon tangible sous nos yeux, dans nos mains et dans notre bouche. Pensons par exemple aux anneaux échangés par les époux qui sont un gage tangible dans leurs mains de leur amour mutuel et de leur engagement réciproque.

Abraham a reçu la circoncision afin d’être rassuré, certain que Dieu était son Dieu et qu’il était fidèle à bénir toute sa descendance. La Pâque rappelait à Israël les actes puissants de Dieu, leur confirmait sa fidélité et les nourrissait spirituellement. De même, dans la Nouvelle Alliance, l’eau du baptême vient sceller tangiblement la promesse du pardon de nos péchés. C’est pourquoi Pierre a dit à ceux qui étaient réunis à Jérusalem : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés » (Ac 2.38-39). De même, Ananias a dit à Saul de Tarse : « Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés » (Ac 22.16). Le baptême est le gage de la promesse du pardon et de la purification de nos péchés. Le pain et le vain de la cène viennent aussi garantir à ceux qui les reçoivent que les promesses de Dieu en Jésus-Christ sont dignes de confiance.

« La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion au corps du Christ? » (1 Co 10.16).

La cène nous assure que, par la foi en lui, nous vivons en communion avec notre Sauveur.

C’est ainsi que Dieu nous assure de sa bonne volonté et de sa grâce envers nous et qu’il nourrit et soutient notre foi. Nous qui doutons si facilement de la bonne volonté de Dieu à notre égard, nous avons besoin d’être rassurés qu’il nous aime en Jésus-Christ. Oui, Dieu, dans sa grâce, a bien voulu se servir des sacrements afin de nous rappeler ses promesses en Jésus-Christ, nous encourager à compter sur ces promesses, nous fortifier en temps de faiblesse et nourrir notre foi et notre ferveur spirituelle!