Ne pas avoir d’autres dieux
Ne pas avoir d’autres dieux
Que Dieu ordonne-t-il dans le premier commandement?
Pour que nous ne perdions pas le salut et le bonheur spirituel, il ordonne d’éviter et de fuir toute idolâtrie1, sorcellerie2, formules superstitieuses3, invocation des saints ou d’autres créatures4; et à l’inverse, de connaître droitement le seul vrai Dieu5, de mettre en lui seul notre confiance6, de n’attendre que de lui tous les biens7 en toute humilité8 et patience9, et de l’aimer10, de l’honorer11 et de le craindre12 de tout cœur, et de renoncer à toutes les réalités créées plutôt que de faire la moindre chose contre sa volonté13.
1. 1 Co 6.9-10; 1 Co 10.5-14; 1 Jn 5.21.
2. Lv 19.31; Dt 18.9-12
3. Col 2.8,18-23.
4. Mt 4.10; Ap 19.10; Ap 22.8-9.
5. Jn 17.3.
6. Jr 17.5-7.
7. Ps 104.27-30; És 45.7; Jc 1.17.
8. 1 Pi 5.5-6.
9. Rm 5.3-4; 1 Co 10.10; Ph 2.14; Col 1.11; Hé 10.36.
10. Dt 6.5; Mt 22.37.
11. Dt 6.13; Dt 10.20-21; Mt 4.10.
12. Dt 6.2; Ps 111.10; Pr 1.7; Pr 9.10; Mt 10.28; 1 Pi 1.17.
13. Mt 5.29-30; Mt 10.37-39; Ac 5.29.Qu’est-ce que l’idolâtrie?
C’est inventer ou avoir, en place ou à côté du seul vrai Dieu qui s’est révélé dans sa Parole1, quelque autre chose en quoi l’on met sa confiance2.
1. 1 Ch 16.26; Ps 81.10-11; Jn 5.23; 1 Jn 2.23; 2 Jn 1.9.
2. Mt 6.24; Rm 1.20-23; Ga 4.8; Ép 2.12; Ép 5.5; Ph 3.19.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 94 et 95
Dans quel contexte le Seigneur a-t-il donné les dix commandements à son peuple? Dans le contexte de la délivrance. « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (Ex 20.2). La délivrance mène à la reconnaissance. « Je t’ai délivré par ma toute-puissance, par conséquent, tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Ex 20.3). Le Seigneur a fait passer son peuple de la servitude au service en passant par le salut.
Oui, les commandements de Dieu mettent en lumière nos péchés. Ils nous font prendre conscience de notre profonde misère. Ils nous poussent à courir vers Jésus-Christ pour trouver refuge en lui seul. Toutefois, le rôle de la loi de Dieu ne s’arrête pas là. Les commandements du Seigneur ont aussi un rôle essentiel pour notre marche dans la vie chrétienne. Ce n’est pas pour rien que les dix commandements, dans la Bible, s’appellent « les dix paroles de l’alliance » (Ex 34.28; Dt 4.13; 10.4). Ce sont des paroles qui vont nous permettre de grandir et de vivre plus fidèlement dans l’alliance avec notre Dieu! Ceux qui sont délivrés par le sang de Jésus-Christ et qui sont transformés par la puissance de son Saint-Esprit vont se servir des commandements du Seigneur pour leur sanctification.
« Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Ex 20.3). Voilà un commandement d’une importance fondamentale. Ce n’est pas pour rien qu’il vient en premier. Il est là pour nous protéger, « pour que nous ne perdions pas le salut et le bonheur spirituel » (Q&R 94). Il est là aussi pour nous faire grandir dans la foi.
1. Ce commandement veut nous faire éviter le pire⤒🔗
Il ne faut pas se faire d’illusion. Notre cœur est si facilement porté à s’éloigner du vrai Dieu et à se fabriquer des faux dieux, des idoles de notre imagination. Rappelons-nous ce qui est arrivé au peuple d’Israël. Tant de fois, ils se sont détournés du vrai Dieu! Tant de fois, ils se sont fabriqués des idoles, des objets en pierre ou en métal fondu pour les adorer et mettre en eux leur confiance. Ils se sont tournés vers de telles idoles notamment au moment même où Moïse recevait les tables de la loi sur le mont Sinaï en vue de les transmettre ensuite au peuple de l’alliance (Ex 32). Le problème n’est pas dans la roche ou le métal; il se trouve dans le cœur, le cœur des enfants d’Israël. Voilà ce qui est visé par cette parole.
Sommes-nous bien différents des Israélites? Il suffit de regarder à notre cœur et à notre façon de vivre. Ce n’est pas pour rien que, dans notre Catéchisme, les dix commandements se trouvent dans la troisième section sur la reconnaissance. Nous avons été puissamment délivrés par Jésus-Christ pour vivre une vie nouvelle par le Saint-Esprit, une vie entièrement consacrée au seul vrai Dieu. Comment cela se voit-il dans nos vies? Nos pensées, nos paroles et nos actions nous obligent à reconnaître que nous avons grand besoin de cette première parole de l’alliance. Nous ne fabriquons peut-être pas des idoles en pierre ou en métal, mais le danger reste le même. Calvin a dit que « notre cœur est une boutique à forger des idoles ».
Qu’est-ce que l’idolâtrie? « C’est inventer ou avoir, en place ou à côté du seul vrai Dieu qui s’est révélé dans sa Parole, quelque autre chose en quoi l’on met sa confiance » (Q&R 95). On dit souvent que la nature a horreur du vide. Nous avons été créés pour adorer. Ou bien nous adorons le seul vrai Dieu, ou bien nous adorons de faux dieux de notre imagination. Nous remplaçons ainsi, comme le dit l’apôtre Paul, la gloire du Dieu incorruptible par des images représentant des choses corruptibles (Rm 1.23).
La réalité se divise en deux grandes catégories : le Créateur et sa création. Seul notre Créateur est digne de louange et d’adoration. L’idolâtrie consiste à prendre l’une ou l’autre partie de la création pour en faire un dieu, c’est-à-dire y mettre sa confiance et y chercher son bonheur. Cependant, l’idole est vaine et illusoire. Elle produit inévitablement la déception et la ruine. Dieu aime son Église. C’est pourquoi il nous protège et nous avertit de ce grand danger : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Ex 20.2).
En Israël, l’idolâtrie s’accompagnait souvent de sorcellerie, de superstitions et de divinations. Le même phénomène se retrouve à divers moments de l’histoire de l’Église. Paul a dit aux Corinthiens qu’une idole, ce n’est rien (1 Co 8.4-6). Dans un sens, des idoles, ça n’existe pas. Toutefois, derrière l’idole, il y a des démons qui exercent leur influence mauvaise (1 Co 10.19-20). Plus on s’enfonce dans l’idolâtrie, plus l’emprise des démons devient grande, et plus nous voyons resurgir la sorcellerie, l’invocation des morts, les pratiques divinatoires, avec les nombreuses conséquences dramatiques que ces pratiques peuvent entraîner sur ceux qui s’y adonnent…
Il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin pour transgresser le premier commandement. En quoi mettons-nous notre confiance? Il est si facile de mettre sa confiance dans les moyens que Dieu utilise pour nous faire du bien, plutôt qu’en Dieu lui-même. Ces moyens deviennent des dieux. Le Seigneur Jésus nous a avertis de ne pas servir Mammon, c’est-à-dire de ne pas mettre notre confiance dans l’argent. Notre sécurité se trouve-t-elle dans notre fonds de pension, dans un travail permanent ou dans une bonne police d’assurance? Notre bonheur se trouve-t-il en premier lieu dans une amie de cœur, dans notre époux ou épouse, dans nos enfants? Si nous avons besoin de conseils pour régler des problèmes, faisons-nous d’abord confiance à la psychologie humaniste pour répondre aux besoins de notre âme? Qu’est-ce qui occupe la première place dans nos vies? Le sport? Le cinéma? L’Internet et ses innombrables divertissements et vanités? Il y a du bon dans plusieurs de ces choses, mais ce sont seulement des moyens providentiels par lesquels Dieu prend soin de nous.
La question, au fond, est de savoir si Jésus-Christ, notre Rédempteur, est le seul et unique fondement de nos vies. A-t-il préséance? Est-il notre bonheur suprême? Avons-nous exclu tout rival? Le Seigneur n’accepte aucun rival. Il sait que, si notre cœur s’attache à d’autres dieux, ce sera très dangereux pour nous. Notre salut et notre bonheur sont en jeu! Il est la seule source de tout bonheur. Voilà pourquoi le Seigneur nous ordonne d’éviter toute idolâtrie et de fuir loin d’elle.
2. Ce commandement exige de nous le meilleur←⤒🔗
Le premier commandement signifie que nous devons « connaître droitement le seul vrai Dieu » (Q&R 94). C’est le seul moyen d’éviter l’idolâtrie. Jésus a justement prié pour cela : « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17.3). C’est par Jésus-Christ que nous pouvons connaître le seul vrai Dieu. Nous le connaissons dans une relation vivante, en écoutant sa Parole et en étant conduits par son Esprit. Pour connaître le seul vrai Dieu et savoir comment le servir, il faut nous mettre à l’écoute des Écritures. La Parole de Dieu redresse nos cœurs et réforme nos vies!
Ce commandement signifie aussi « mettre en Dieu seul notre confiance » (Q&R 94). Il est facile de dire à quelqu’un « je t’aime », il est moins facile de le vivre et de le démontrer. Si nous aimons Dieu, nous lui ferons confiance. Quelqu’un a déjà dit : « La foi n’est pas seulement croire sans avoir vu, c’est aussi faire confiance sans réserve. » Nous prenons Dieu au mot parce que nous savons que ses promesses sont absolument vraies.
En connaissant le seul vrai Dieu et en lui faisant confiance, nous nous attendrons à notre bon Père céleste en toutes choses : « n’attendre que de lui tous les biens » (Q&R 94). Il nous donnera ce dont nous avons besoin, parce qu’il sait que nous en avons besoin. « Tout don excellent et tout cadeau parfait viennent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation » (Jc 1.17). Ceux qui n’ont pas Jésus-Christ pour Sauveur et qui n’ont pas Dieu pour Père ne reconnaissent pas les dons excellents qui viennent du seul vrai Dieu. Ils ne vivent pas dans la reconnaissance!
Ne présumons jamais que ces dons nous sont dus. Nous n’avons aucun droit en nous-mêmes. Ces dons dépendent de Dieu lui-même et de ce qu’il veut bien nous donner selon sa bienveillance et sa grâce. De quelle manière devons-nous donc attendre de lui seul tous les biens? « En toute humilité et patience » (Q&R 94). Au milieu de ses détresses et complaintes, Jérémie a prononcé cette parole très encourageante à cet égard :
« La bienveillance de l’Éternel n’est pas épuisée, et ses compassions ne sont pas à leur terme; elles se renouvellent chaque matin. Grande est ta fidélité! L’Éternel est mon partage, dit mon âme; c’est pourquoi je veux m’attendre à lui » (Lm 3.22-24).
Voilà comment obéir au premier commandement : Nous attendre à lui humblement et patiemment! Compter sur sa grande fidélité!
Le premier commandement ne peut véritablement se vivre que dans l’alliance avec Dieu. Le Seigneur nous a fait des promesses et nous apprenons à compter sur lui. Dans cette alliance, il veut avant tout notre cœur. Il ne veut pas seulement nous donner des biens, il se donne lui-même à nous en Jésus-Christ, par son Esprit. En retour, il veut tout notre cœur et tout notre amour. Oui, le Seigneur nous commande « de l’aimer, de l’honorer et de le craindre de tout cœur » (Q&R 94). Cela nous fait penser au mariage. L’amour du mari pour son épouse et l’amour de l’épouse pour son mari se vivent dans une relation exclusive et entière dans l’alliance conjugale. Un seul mari, une seule épouse, tout entier l’un à l’autre. Voilà le sens profond du premier commandement. Le Seigneur a délivré Israël de l’esclavage, il a fait de lui son peuple. Il veut jalousement préserver cette relation unique et profonde avec ses enfants, comme un mari qui veut jalousement protéger son mariage.
Le monde ne peut pas comprendre une telle chose. Les non-croyants ne peuvent pas voir que nous avons tant besoin de connaître le seul vrai Dieu et de vivre avec lui dans une relation aussi intime. C’est Jésus-Christ seul qui nous unit au Père par son Esprit. Demandons au Seigneur de nous rendre capables « de renoncer à toutes les réalités créées plutôt que de faire la moindre chose contre sa volonté » (Q&R 94). Demandons-lui de vivre pour Dieu seul et de n’avoir aucun autre dieu devant sa face. Que le Père de notre Seigneur Jésus nous garde tout prêt de lui par l’œuvre transformatrice et puissante du Saint-Esprit. Autrement, nous dépérirons. Mais par lui seul, nous vivrons pour toujours et nous porterons un fruit durable à sa gloire.