Cet article sur la question 81 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet ceux qui doivent participer à la Cène. Ce sont les croyants qui vivent dans l'alliance. Ils doivent faire leur propre examen sur leur péché, leur Sauveur, leur service (1 Corinthiens 11).

Source: Certitude et réconfort. 4 pages.

La cène est pour les croyants qui vivent dans l’alliance

Quels sont ceux qui doivent venir à la table du Seigneur?

Ce sont ceux qui ont honte d’eux-mêmes à cause de leurs péchés; ils croient cependant que ceux-ci leur sont pardonnés et que les faiblesses qui leur restent sont couvertes par la passion et la mort du Christ; ils désirent aussi affermir de plus en plus leur foi et améliorer leur vie. Mais les hypocrites et les pécheurs obstinés mangent et boivent leur propre jugement1.

1. 1 Co 10.19-22; 1 Co 11.26-32.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 81

Le sacrifice unique et parfait de Jésus-Christ nous procure le pardon complet de nos péchés. La table du Seigneur nous garantit la Nouvelle Alliance en son sang. Elle nous assure que nous avons la communion bénie avec Dieu dans cette alliance, une communion restaurée uniquement et entièrement par son Fils. Mais « quels sont ceux qui doivent venir à la Table du Seigneur? » (Q&R 81).

Remarquez bien la question. Il n’est pas demandé : « Quels sont ceux qui peuvent venir…? », mais « Quels sont ceux qui doivent venir…? » La participation à la sainte cène n’est pas facultative. Le Seigneur nous a donné un commandement. « Prenez et mangez […]. Buvez-en tous » (Mt 26.26-27). Toutefois, ce commandement, bien sûr, n’est pas donné à tous en général. Il est seulement pour les croyants. C’est aux croyants que le Seigneur Jésus a commandé de participer à sa table. Cela signifie-t-il que tous ceux qui se disent chrétiens peuvent y participer? Non, seuls les véritables croyants qui acceptent l’alliance et qui acceptent de vivre selon les clauses de l’alliance sont invités. L’unique sacrifice de Jésus-Christ nous procure le pardon complet de tous nos péchés, mais pour avoir part à ce pardon, il nous faut être unis à Jésus seul par la foi et vivre pour lui seul.

La question et réponse 81 résume les conditions personnelles requises pour participer à la cène. La question et réponse 82 résume les conditions en Église requises pour y participer. Nous verrons ces dernières dans un prochain article. Quelles sont tout d’abord les qualités personnelles requises? L’apôtre Paul dit que les croyants doivent s’examiner eux-mêmes. « Que chacun donc s’examine soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe » (1 Co 11.28). Cet examen contient trois parties. Avant de venir à la table du Seigneur, nous devons nous interroger sur notre péché, sur notre Sauveur et sur notre service. Il s’agit en fait des trois grandes parties de notre Catéchisme : notre péché, notre délivrance, notre reconnaissance.

1. Notre péché🔗

« Quels sont ceux qui doivent venir à la table du Seigneur? Ce sont ceux qui ont honte d’eux-mêmes à cause de leurs péchés. »

Il nous faut bien comprendre que ce sont nos péchés qui ont conduit notre Sauveur à aller mourir sur la croix. Sommes-nous prêts à le reconnaître et à confesser nos péchés? Pour bien célébrer la sainte cène, il nous faut commencer par admettre sincèrement nos péchés et les confesser de tout cœur. Suis-je vraiment repentant? Suis-je désolé d’avoir péché? Avoir honte de soi-même à cause de ses péchés ne veut pas dire avoir un vague sentiment de malaise ou de tristesse. Cela veut dire ne trouver aucune joie ni aucun plaisir en soi-même à cause de ses péchés, n’avoir aucune fierté en soi-même parce que l’on reconnaît avoir offensé Dieu de multiples manières. Nous voyons le poids immense de la terrible malédiction sur nos péchés, mais nous voyons par la foi que c’est Jésus-Christ qui a porté cette malédiction que nous méritons pleinement. Pour vivre en communion avec Dieu dans son alliance, il nous faut remplir la première condition de cette alliance : avouer honnêtement nos péchés, être profondément attristés du fait que nous avons transgressé les commandements du Seigneur, nous sentir totalement indignes devant Dieu.

Souvenons-vous de la parabole du pharisien et du publicain. Le pharisien se pensait juste et correct devant Dieu, meilleur que son voisin, le misérable publicain. Ce misérable publicain, au contraire, se reconnaissait misérable et n’osait pas lever les yeux au ciel, sachant très bien que sa vie déplaisait à Dieu. « Il se frappait la poitrine et disait : Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur » (Lc 18.13). Jésus a déclaré que c’est ce dernier qui est retourné chez lui justifié, tandis que l’autre, le pharisien, n’a pas été justifié. La table du Seigneur est pour le publicain repentant, pas pour le pharisien qui se pense en bonne santé spirituelle.

La sainte cène n’est donc pas pour les forts ni pour ceux qui s’estiment sans péché. Elle est pour ceux qui se reconnaissent faibles et pécheurs, pour ceux qui sont confus de honte.

« Éternel, ne me punis pas dans ta colère, et ne me châtie pas dans ta fureur. Fais-moi grâce, Éternel, car je dépéris; guéris-moi, Éternel, car mes os sont tremblants » (Ps 6.2-3).

La table du Seigneur est pour de telles personnes qui s’expriment comme le psalmiste, car le Seigneur nous a donné ce repas pour nous fortifier.

2. Notre Sauveur🔗

Notre examen personnel ne doit pas nous amener à nous morfondre sur nous-mêmes sans jamais trouver la libération. Après tout, la table du Seigneur est un repas de fête et de communion! Nous célébrons l’alliance avec Dieu. Dans cette alliance, il y a deux parties, Dieu et nous, et il y a un Médiateur de l’alliance entre Dieu et nous, Jésus-Christ sacrifié pour nous afin de nous réconcilier avec Dieu. Les enfants de Dieu doivent connaître leur misère, mais aussi leur délivrance! C’est pourquoi la deuxième question à se poser concerne la personne et l’œuvre de Jésus-Christ.

« Quels sont ceux qui doivent venir à la table du Seigneur? Ceux qui […] croient cependant que leurs péchés leur sont pardonnés et que les faiblesses qui leur restent sont couvertes par la passion et la mort du Christ » (Q&R 81).

Voilà la deuxième condition pour vivre en communion dans son alliance et pour célébrer cette communion à sa table.

Est-ce que je reconnais que mon salut se trouve en Jésus seul? Est-ce que je crois que Jésus-Christ a parfaitement payé pour tous mes péchés par son corps meurtri et par son sang versé sur la croix? Le poids immense de la malédiction que je mérite à cause de mon péché, je reconnais et je crois que c’est lui qui l’a porté « par sa passion et sa mort ».

Ayons confiance que même nos faiblesses qui nous restent sont couvertes par la passion et la mort du Christ! Jésus n’enlève pas seulement nos péchés, il couvre même les faiblesses qui nous restent par son sacrifice. Nous n’avons absolument rien à ajouter à l’œuvre parfaite de Jésus-Christ. « L’Éternel a entendu la voix de mes pleurs; l’Éternel a entendu mes supplications, l’Éternel accueille ma prière » (Ps 6.9).

Des gens qui ne croient pas que Jésus-Christ est pleinement Dieu peuvent-ils participer à la sainte cène? Ou bien des gens qui ne croient pas à la doctrine de l’expiation? Ou encore des gens qui croient qu’il faudrait ajouter quelque chose au sacrifice unique et parfait du Christ sur la croix pour avoir le pardon complet des péchés? Tous ces gens se disent peut-être chrétiens, mais ils ne remplissent pas les conditions d’admission à la table du Seigneur. Ceux qui sont invités doivent confesser Jésus-Christ comme leur unique et complet fondement pour leur salut. Est-ce votre cas? Alors, vous êtes exactement le genre de personnes qu’il veut à sa table!

3. Notre service🔗

Il reste une troisième question à se poser pour participer à la sainte cène. Cette question porte sur notre service.

« Quels sont ceux qui doivent venir à la table du Seigneur? Ceux qui […] désirent aussi affermir de plus en plus leur foi et améliorer leur vie » (Q&R 81).

La puissance du sacrifice de Jésus-Christ et les promesses de son alliance donnent aux enfants de Dieu la force et la joie de vivre une vie nouvelle. Par sa mort, le Christ a obtenu pour nous la puissance de l’Esprit vivifiant. Nous devons connaître notre misère, nous devons connaître notre délivrance, mais nous devons aussi vivre dans la reconnaissance.

Est-ce que je veux vivre une vie de gratitude pour la délivrance complète que Jésus m’a acquise? Est-ce que je désire fortifier ma foi et devenir plus obéissant dans ma vie chrétienne? Est-ce que je reconnais que le Seigneur Jésus est venu pour faire de moi une nouvelle création? Est-ce que je veux marcher en nouveauté de vie par la puissance du Saint-Esprit, m’efforçant de fortifier ma foi et d’enlever tous les doutes qui subsistent? Est-ce que je veux servir le Seigneur dans son Église, dans l’amour et la paix avec mes frères et sœurs dans la foi? Voilà la troisième condition d’une vie vécue en alliance avec Dieu, afin de vivre en communion avec Jésus-Christ et de célébrer cette communion à la table du Seigneur. Nous sommes très loin de la perfection et nous avons constamment besoin du pardon du Seigneur, mais en même temps, nous voulons lui obéir. Nous voulons changer notre style de vie, améliorer notre service chrétien et vivre comme des chrétiens engagés dans l’Église. Nous voulons vivre pour lui seul, avec la force et la joie que lui seul peut nous communiquer par la foi en lui. Si tel est notre cas, la table du Seigneur est pour nous!

Il nous faut prendre les exigences de l’alliance très au sérieux, car le Seigneur nous fait des mises en garde et prend très au sérieux son alliance. « Les hypocrites et les pécheurs obstinés mangent et boivent leur propre jugement » (Q&R 81). En effet, la Parole de Dieu dit : « Car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même » (1 Co 11.29). Il est donc essentiel de s’examiner soi-même.

La table du Seigneur n’est jamais un « droit acquis » parce que l’on s’appelle chrétien. C’est un privilège pour ceux qui vivent en communion avec le Seigneur dans son alliance. En même temps, les trois questions à se poser sont là pour nous encourager. C’est un encouragement pour ceux qui veulent grandir dans la foi, qui luttent et se sentent faibles et indignes, qui ont le cœur contrit et qui cherchent à plaire au Seigneur. Dieu est plein de grâce et riche en miséricorde. Il ne rejettera pas le faible roseau. Cherchons notre pardon et notre force en Jésus seul!