Cet article a pour sujet la christologie d'après le catholicisme romain qui considère que la nature divine du Christ pénètre entièrement sa nature humaine, de sorte que sa nature humaine aurait été divinisée (déification de l'homme).

Source: Les débats christologiques modernes. 2 pages.

Les débats christologiques modernes (7) - La christologie romaine

Selon la théologie catholique, chaque nature de Christ demeure en soi-même, mais toutefois la nature divine pénètre entièrement la nature humaine et la fait participer à la gloire, à la sagesse et à la puissance divine (« pericherosis »; « theosis »). Grâce à l’union hypostatique, la nature humaine de Christ aurait reçu des perfections surnaturelles « créées » : « visio beatifica », omniscience relative. Christ n’aurait donc pas marché par la foi, mais par la vue. Ensuite, tous les dons dont la nature humaine de Christ est capable ne lui seraient pas accordés graduellement, mais tout de suite en leur plein déploiement au premier moment de son incarnation. Il aurait atteint la gloire du salut dès le premier moment de son existence humaine. Christ aurait été le seul qui déjà sur terre aurait eu la lumière de la gloire; grâce à celle-ci, il contemplait Dieu parfaitement et intuitivement. Cette dernière affirmation fut confirmée contre les Beguins et Begards en 1311. On pense que la nature humaine de Christ a été divinisée et glorifiée d’une telle manière qu’elle mérite l’adoration religieuse (« huperdouleia »; culte du sacré cœur).

Les catholiques veulent pénétrer trop loin dans le mystère de l’union hypostatique. Ils se fondent sur la conception générale de déification de l’homme par la grâce. Cette déification aurait été parfaite immédiatement en ce qui concerne la nature humaine de Christ. Ainsi entre-t-on clairement en conflit avec la Bible. Pensons par exemple à ce que Marc 13.32 et Matthieu 24.36 disent de l’ignorance humaine de Christ. Thomas d’Aquin interprète ces passages comme s’ils voulaient dire que la connaissance de Christ ne pouvait pas être communiquée. Cela n’est cependant pas ce que ces textes disent. Le Saint-Office a encore en 1918 réfuté la conception selon laquelle la connaissance humaine de Christ serait limitée. Une telle conception contredirait l’union hypostatique.

Les difficultés que la théologie catholique crée ainsi apparaissent aussi dans les problèmes qui se posent pour les catholiques à propos de la souffrance de Christ. On veut naturellement pleinement rendre justice à la réalité de cette souffrance. Mais la question de savoir comment la souffrance peut aller ensemble avec la vision béatifique de Dieu doit se poser. On cherche quelquefois à résoudre ce problème en distinguant entre une partie supérieure et une partie inférieure de l’âme de Christ. Cette partie supérieure aurait participé à la vision de Dieu, tandis qu’il faudrait rapporter la souffrance à la partie inférieure. Saint Thomas donne une autre solution. Il possédait le salut pour la partie qui est propre à l’âme. Mais le délice de la vision de Dieu n’atteignait pas les sens. Christ pourrait donc subir la souffrance sensorielle. C’est pourquoi Ésaïe 53 pourrait être appliqué à lui.

Il est clair que ces explications ne peuvent être conciliées avec ce que la Bible nous déclare de la souffrance totale de l’homme Jésus. C’est aussi à l’encontre de la Bible que les catholiques nient la foi et l’espérance de Christ, ce qui est conséquent de leur point de vue. La théologie catholique et la théologie orthodoxe grecque enseignent une communication de dons de la nature divine à la nature humaine. Mais ils n’enseignent pas une communication des qualités.