Cet article a pour sujet des guérisons inadéquates qui peuvent parfois avoir lieu dans le paganisme, dans des sectes ou par des suggestions mentales, qui ne sont pas des guérisons complètes opérées par la grâce de Dieu.

Source: Défi et défaite des démons. 5 pages.

Démonologie - Le ministère de guérison - Des guérisons inadéquates

La guérison opérée par Pierre et Jean (Ac 3) avait été l’occasion de témoigner de la puissance du Christ. Ce n’est jamais le chrétien qui guérit, mais le Seigneur. Le disciple n’est qu’un instrument entre les mains de celui qui restaure l’homme à la santé et au salut. Là où l’homme revendique le pouvoir de guérir, là on se trouve face au domaine du magique, car la source de la guérison ne se trouve nullement en l’homme, mais en la croix (1 Pi 2.24).

Nous reconnaissions la réalité de la guérison dite par la foi, ou spirituelle, mais nous devons faire un pas de plus et signaler que « la guérison par la foi » n’est pas un fait particulier à la foi chrétienne. Elle est aussi vieille que l’humanité. Elle a depuis toujours été associée aux pratiques religieuses païennes. Dans la religion primitive, nous rencontrons le médecin-sorcier, lequel réunit en sa personne les fonctions de prêtre et de médecin-guérisseur. Ses méthodes étaient primitives, non scientifiques et magiques, et pourtant il l’emportait parfois sur les infirmités physiques ou mentales. Indubitablement, le facteur opérant était la foi, ou plutôt une « certaine foi » du patient traité, placé sous le contrôle magnétique du sorcier, lequel opérait dans des conditions culturelles favorables pour produire et arracher une telle « foi ».

Dans les religions nationales de l’antiquité, et plus spécialement dans le monde gréco-romain, cette tradition se poursuivit et se maintint, le prêtre et le médecin étant souvent une et même personne. Dans le monde civilisé de l’antiquité, il existait nombre d’autels de guérison, où l’on implorait l’assistance de la divinité. Très fréquemment, cela se passait lors de cérémonies religieuses, et on peut assurer que des guérisons ont effectivement eu lieu. Il est évident que ce qui opérait était la puissance de suggestion, parfois même lors d’interventions chirurgicales.

Il semble que, d’une manière générale, trois techniques aient été mises sur pied et que dans toutes les trois la « foi » du patient a dû en déterminer l’issue. La première était purement spirituelle, faisant grand cas de la prière et de sacrifices, tout en étant enveloppée d’artifices et de notions magiques. La seconde consistait en l’exercice du pouvoir mental, manifesté par des charmes et des amulettes, des incantations et des invocations abondamment répandues. La troisième enfin, dont la médecine moderne est l’héritière directe, emploie des drogues ou des remèdes à base de plantes pour opérer la guérison aussi bien du corps que de l’esprit.

Ce n’est que tout récemment que les termes de « maladies psychosomatiques » et de « médecine psychosomatique » sont entrés dans le vocabulaire usuel, quoique le rapport entre le corps et l’esprit fût bien connu des anciens, même s’ils n’étaient pas en mesure d’exprimer ce savoir à l’aide de ces termes. Les médecins-sorciers de l’Asie et de l’Afrique et les médecins-prêtres de la Grèce et de Rome ne distinguaient pas entre le spirituel, le mental et le physique, comme nous le faisons actuellement, bien qu’ils pratiquassent les trois techniques évoquées. Sans connaître la philosophie du sujet, ils reconnaissaient l’unité du corps et de l’esprit.

Il y eut des résultats. En d’autres mots, quelle qu’ait été la religion, des miracles de guérison ont réellement eu lieu. Des hommes et des femmes, peu nombreux à coup sûr, étaient guéris de leur mal au contact de ce qu’ils pensaient être un pouvoir surnaturel. Certes, nous ne pensons pas que Dieu soit limité dans l’exercice de sa volonté. Il est fort possible qu’il ait exercé cette même volonté dans la vie des anciens qui n’étaient pas encore parvenus à une connaissance correcte de sa personne et de sa grâce.

Voici un autre fait découlant du premier : la guérison « spirituelle » est indépendante de toute foi théologique et de toute conception philosophique, soit du guérisseur soit du patient. Certaines guérisons qui nous sont présentées sur le petit écran peuvent être tout à fait réelles… Mais les guérisseurs dits « par la foi » n’accomplissent pas nécessairement des miracles par la puissance de Dieu, loin de là! On se rappellera que Joseph Smith, le fondateur de la secte des mormons, jouissait de la réputation de guérisseur. Cela signifie-t-il que la perversion mormone de la foi évangélique devrait être admise comme l’expression correcte de l’Évangile? Cette remarque s’applique également aux adeptes de la science chrétienne, qui prétendent accomplir, eux aussi, des miracles. Mentionnons aussi les prétendus miracles de Lourdes au sud de la France, et ceux de Sainte-Anne de Beaupré, près de la ville de Québec. Cela signifie-t-il que le culte de la Vierge et des saints soit une expression authentique de la foi chrétienne?

Nous admettons toutefois que l’un des charismes de l’Esprit Saint reconnu par l’Église apostolique était bien celui de la guérison, don qui n’est pas réservé à une caste particulière comme celle des ministres ordonnés. Il existe pourtant un fait extrêmement troublant que nous devons mentionner, bien que ses implications théologiques et psychologiques soient bien loin d’être claires : les échecs aux tentatives de guérir par la foi sont innombrables. La guérison n’est pas accordée automatiquement à chaque fidèle, et ceci, malgré sa foi. Il existe une disproportion frappante entre les guérisons réelles et les échecs. Le danger de perdre la foi devient alors réel, car l’échec dans ce domaine menace la foi ailleurs!

Certes, la médecine officielle à son tour n’est pas à l’abri des échecs, ce qui ne nous empêche pas d’aller consulter le médecin orthodoxe. La réalité des échecs ne signifie donc pas qu’il n’existe pas de guérison par la grâce.

Deux autres points doivent être brièvement signalés. Le premier est que la vieille distinction entre désordres fonctionnels et maladies organiques n’est pas admise comme jadis. La psychologie moderne semble la récuser. Jadis, cette distinction était invoquée par ceux qui restaient sceptiques quant à la guérison par la foi pour justifier leur scepticisme. Les guérisons non physiques, lorsqu’elles avaient lieu, servaient à démontrer que les désordres étaient simplement et purement fonctionnels. Point de lésions organiques, pas d’état pathologique! Si l’infirmité relevait du domaine mental, alors la guérison devait se porter sur ce domaine. Si le mal était d’ordre physique, alors aucune guérison ne pouvait être effectuée par une méthode spirituelle. En langage théologique, cela impliquait que Dieu était bon médecin, mais mauvais chirurgien!

Le deuxième point est le suivant : Il doit exister une place à la fois pour la médecine et pour la grâce. Or, toute guérison est une guérison spirituelle, fruit de la grâce. Parfois, Dieu n’estime pas nécessaire de l’accorder; d’autres fois, il le fait tardivement; quelques fois, il fait intervenir le miracle. Quoi qu’il en soit, toutes nos guérisons, dans n’importe quel domaine, sont l’effet de sa grâce, car il est le Médecin suprême. Rappelons-nous de la célèbre phrase d’Ambroise Paré, le médecin et chirurgien réformé du 16siècle : « J’ai pansé, mais Dieu a guéri. »

La guérison magique peut être décrite comme une intervention effectuée grâce à un pouvoir mental exercé sur le sujet victime. Dans ce cas, on ne dépend plus de Dieu, mais de certaines formules rituelles que l’on s’imagine dotées d’un effet automatique. Parfois, la guérison médicale elle-même peut présenter un visage magique, par exemple lorsque le médecin place sa foi uniquement en son savoir médical et ignore la grâce.

Des traces de cette conception magique se discernent par exemple dans la science chrétienne, ou encore dans d’autres sectes autant que dans des autels vénérés et des lieux de pèlerinage chrétiens. Dans ce dernier cas, pas plus que dans les cas extrachrétiens, nous ne sommes pas témoins de la guérison par la grâce, mais d’une grossière superstition revêtue d’habits pseudo-chrétiens.

Du côté évangélique, le mouvement dit de Pentecôte et ses ramifications récentes sous forme « charismatique » ne sont pas davantage à l’abri de cette grossière superstition, en dépit des protestations du contraire et des pieuses invocations au nom du Saint-Esprit! Ici comme là, la manipulation de la personnalité passe pour une démonstration authentique de l’opération sanctifiante du Saint-Esprit.

En ce qui concerne les sectes, en dépit de certaines traces de vérité, cette vérité hélas bien partielle, fragmentée et défigurée sera appliquée hors contexte. Certes, Dieu agit à travers la prière mentale, et l’apôtre Paul nous exhorte à fixer nos pensées sur ce qui est élevé et sur ce qui édifie (Col 3.2). Pourvu qu’elle n’emprisonne pas la grâce de Dieu dans ce qui est empiriquement démontrable et vérifiable. La guérison dite « mentale » vient du pouvoir de la pensée humaine, et elle ne sera jamais assimilée à celle qui est le fruit, le charisme de la grâce. Penser correctement pourrait, à l’occasion, être la cause de guérison. La guérison mentale relève du domaine de la psychologie, la guérison divine nous envahit de l’extérieur, elle fait irruption depuis le haut. Certes, Dieu est présent dans nos processus mentaux, et il est capable d’intervenir aussi bien par la pensée que par la méditation; des idées édifiantes serviront de véhicules pour la grâce qui nous sera accordée. Dieu fait au-delà de tout ce que nous attendons (Ép 3.20).

Il faut mentionner ici l’anthroposophie; des esprits et des êtres, puissances de la lumière et des ténèbres y grouillent; la science ésotérique de Rudolf Steiner veut nous apprendre à les reconnaître et à entrer en communication avec eux afin d’ordonner et de maîtriser spirituellement notre vie avec leur aide. On voit très clairement apparaître ici l’idée que connaître les esprits signifie pouvoir exercer un pouvoir sur eux; il en découle indubitablement une sorte de magie supérieure (ce que Steiner conteste), considérée comme sublime et spirituelle.

Il faut aussi rappeler les domaines du spiritisme, de la croyance populaire aux esprits et aux démons et de la sorcellerie qui en fait partie; elle attire l’intérêt parce qu’elle est liée, elle aussi, à une magie assez grossière par laquelle on voudrait arriver à dominer les esprits et à les mettre à son service.

Il faut enfin mentionner la croyance au destin, la connaissance et la maîtrise de l’avenir, telle qu’on la voit dans l’astrologie et la divination.

La théologie pastorale devra mettre en garde contre tous ces artifices et toute cette curiosité malsaine. Celui qui se rapproche du domaine des sciences occultes pour y puiser connaissance et aide quitte le bon chemin; il s’enfonce dans un fourré inextricable et sèmera la confusion dans sa vie comme dans celle des autres. Rappelons-nous que le témoignage apostolique met en garde contre la fausse « gnose » (Col 2.8; voir aussi la recommandation de chercher la sagesse et la science en Christ, Col 2.3). Les Actes des apôtres nous racontent d’une façon très impressionnante comment les nombreux convertis brûlaient les livres qui leur avaient servi à exercer les « arts magiques » (Ac 19.18-19). Ces livres ne pouvaient être que des livres de sorcellerie, des livres traitant des songes, des astres, du destin, des démons… Au feu avec tout cela! Comment peut-on s’occuper du monde ténébreux des esprits et des démons, se laisser obséder par lui, alors que nous avons accès au Père qui est dans les cieux! En quoi nous concernent encore les puissances du destin, si nous sommes soumis à la puissance de Jésus-Christ?

Cette conviction est très importante pour la prédication et la cure d’âme de l’Église dans les champs de mission, où l’entretien doit être conduit, bien plus encore que chez nous, dans un vis-à-vis continuel avec la croyance aux démons. Là en tout cas, on voit vraiment qu’on ne peut leur tenir tête qu’en se référant uniquement et strictement à ce que dit l’Écriture1.

Comme nous l’avons déjà souligné, tout ce qui ressemble à la possession démoniaque ne doit pas forcément être considéré comme tel. Dans nombre de cas, il existe des explications psychologiques, des pressions sociales, des codes moraux en conflit, des rôles de personnes dans une société en perpétuelle mutation, des sentiments de culpabilité réprimés. Ceci veut dire qu’on ne doit pas voir le démon partout. La confrontation avec Satan dans le territoire qu’il occupe est souvent dramatique et réelle, mais elle se fait tout d’abord par le moyen de la proclamation de l’Évangile, de même que par la destruction d’objets voués au service du démon.

Les pouvoirs démoniaques peuvent être particulièrement forts dans certaines cultures non chrétiennes, bien qu’ils soient également présents ailleurs. Du fait de la seigneurie suprême que le Christ exerce au sein des Églises, leur pouvoir et leur influence seront amoindris. Dans les pays dits de mission, où l’autorité du Christ n’est pas reconnue, il existe suffisamment de preuves que de tels problèmes existent et qu’il faut les traiter adéquatement. La prédication de la Parole, la prière, la piété personnelle et la puissante opération de l’Esprit seront les moyens normaux par lesquels les gens seront libérés du pouvoir du Malin.

Note

1. Voir E. Thurneysen, La doctrine de la cure d’âme, Delachaux et Niestlé.