Bien-aimés du Seigneur Jésus,

Quel privilège nous avons d’entendre le Fils qui prie le Père! Nous entrons dans le lieu très saint, dans l’intimité de la Trinité. Une vraie fascination, plus belle que tout l’or pur qui ornait l’intérieur du temple de l’Ancien Testament.

Jésus priait souvent, mais nous connaissons très peu le contenu de ses prières. Ici, nous avons le détail de son contenu. Sûrement cette prière est très importante pour nous. Elle a été prononcée au moment le plus intense de sa vie. L’ombre de la croix se profile, l’Agneau de Dieu se prépare à donner sa vie pour ses brebis. La prière sacerdotale, comme on l’appelle, nous révèle son cœur, ses préoccupations, ses priorités.

Vous vous souvenez, dans l’Ancien Testament, quand le grand sacrificateur entrait une fois par année dans le lieu très saint. Il priait pour lui et pour le peuple avant d’offrir le sacrifice d’expiation. Ici, notre grand Sacrificateur par excellence prie d’abord pour lui, ensuite pour ses apôtres et pour toute son Église, avant de s’offrir lui-même en sacrifice d’expiation pour son Église. Entrons dans le lieu très saint pour entendre sa prière à son Père!

Quelles sont les priorités de notre Sauveur? Quels fardeaux porte-t-il dans son cœur? Cette prière se divise en trois parties. Dans les versets 1 à 5, Jésus prie pour la glorification, afin d’être lui-même glorifié. Dans les versets 6 à 19, il prie pour la sanctification, afin que ses disciples vivent dans la sainteté. Dans les versets 20 à 26, il prie pour l’unification, afin que l’Église des générations à venir soit unie. Voilà ses priorités : la gloire du Christ, la sainteté des croyants, l’unité de l’Église. Avons-nous les mêmes priorités? Nos cœurs sont-ils remplis du même désir? Nous verrons aujourd’hui les versets 1 à 5 : sa prière pour la glorification. Père, glorifie ton Fils.

1. Le contenu de cette prière⤒🔗

Le thème de la gloire occupe toute cette première partie. Les versets 1 et 5 forment un crochet qui encadre toute cette section. Au verset 1, Jésus commence en disant : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils… » Au verset 5, il répète en précisant : « Et maintenant, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi… » Ces versets répètent quatre fois le verbe glorifier, plus une fois le mot gloire.

Jésus est passionné de gloire. Il prie ardemment pour sa glorification. « Père, glorifie ton Fils. » « Père, glorifie-moi. » Notez bien, la gloire apparaît à différents moments. Aux versets 1 et 5, elle est future : « Père, glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. » Au verset 4, elle est passée : « Je t’ai glorifié sur la terre. » Au verset 5, elle existe depuis avant la création du monde : « Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que le monde fût. »

Vraiment, le Seigneur nous fait complètement sortir de nous-mêmes. Il nous fait oublier notre routine quotidienne. Il nous sort de nos préoccupations pour nous faire contempler une gloire fascinante : la gloire éternelle qu’il avait depuis toujours avec le Père, la gloire qu’il a manifestée sur terre il y a 2000 ans, et maintenant la gloire qu’il demande et qu’il désire retrouver au ciel auprès du Père. Une prière fascinante qui nous éblouit! Plus que toute autre chose, Jésus désire être glorifié par le Père. C’est sa priorité numéro un. En nous faisant connaître sa prière, il nous révèle son cœur pour attirer nos cœurs vers sa gloire.

N’est-ce pas remarquable, quand nous pensons à l’occasion? « Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel » (Jn 17.1). Dans la chambre haute, il vient de donner un enseignement magistral aux disciples pour les encourager dans leur désarroi. Maintenant, il prononce une prière magistrale devant eux pour leur communiquer son encouragement. Quand il prie, il ne baisse pas ses yeux dans la honte, comme le péager qui s’est humilié; il lève les yeux vers le ciel, parce qu’il a pleine confiance de se tourner vers la glorieuse majesté de Dieu.

« Il dit : Père, l’heure est venue. » De quelle heure s’agit-il? Aux noces de Cana, Jésus a dit à Marie : « Mon heure n’est pas encore venue » (Jn 2.4). Plus tard, quand les juifs ont voulu l’arrêter, « personne ne porta la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue » (Jn 7.30). À partir de Jean 12.23, la situation change. Jésus vient d’entrer à Jérusalem et leur dit : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. » En Jean 13.1, au début de son entretien privé, Jean nous dit : « Sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde au Père, Jésus les aima jusqu’au bout. » Quelle heure est-il? L’heure d’accomplir le plan rédempteur. L’heure d’aller à la croix pour s’offrir en sacrifice pour ses brebis. Mais aussi l’heure de ressusciter des morts et de remonter au ciel dans la gloire pour régner sur le monde. Sa mort, sa résurrection, son ascension font toutes partie de cette heure.

N’est-ce pas remarquable? Quelle serait votre prière si vous étiez à sa place? Il est arrivé à une heure de terrible agonie jusqu’à la croix. Probablement, nous dirions : Père, délivre-moi de ce supplice. Jésus demande : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils. » Le verset 5 nous aide à comprendre le contenu de sa prière : « Glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi. » La glorification qu’il demande deviendra pleine et entière une fois qu’il sera monté au ciel auprès du Père. Mais déjà, la croix elle-même est glorieuse.

Comment est-ce possible? Imaginez les passants qui regarderont le Crucifié. Que verront-ils? Un spectacle honteux et dégoûtant, sans aucune gloire. Et pourtant, avec les yeux de la foi, nous voyons la gloire de la croix. Voyez la grâce de Dieu! Voyez sa parfaite justice et son amour sublime pour de misérables pécheurs comme nous! En Jean 17, Jésus s’y prépare. Il prie pour être glorifié en passant par la croix, pour ensuite ressusciter et monter au ciel dans la gloire de son règne. « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils. »

Nous avons tellement besoin d’entendre cette prière. Nous sommes centrés sur nous-mêmes. Nous vivons dans une culture centrée sur elle-même où chacun est absorbé par soi-même. Nous sommes absorbés par nos projets, par nos échecs, par nos réussites, par nos problèmes, par nos biens, par nos désirs, par nos maladies, par notre bien-être. Cette prière nous offre un puissant remède. Nous en avons tant besoin! L’Église a tant besoin aujourd’hui de lever les yeux vers le ciel pour admirer la gloire de Jésus-Christ, notre Sauveur et Seigneur.

Vous demandez-vous parfois si Dieu répond vraiment aux prières? Eh bien, oui, il répond! Voyez cette prière de Jésus. Dieu a répondu! Le Père a glorifié son Fils! Jésus est mort pour nos péchés en manifestant la gloire de sa grâce. Il est ressuscité victorieux en manifestant sa puissance glorieuse sur la mort. Il est monté au ciel auprès du Père dans sa gloire. Il règne sur le monde et sur l’Église. Quand vous priez, baissez les yeux dans l’humilité comme le péager, puis levez les yeux vers le ciel, là où le Seigneur Jésus est glorifié. Admirez sa gloire! Soyez fascinés par sa gloire. Ce sera un puissant remède contre le découragement, contre l’apathie, contre le nombrilisme. Prenez le temps de méditer sur sa gloire. Vous en serez bouleversés. Elle vous éblouira et vous transformera en profondeur.

2. Le bien-fondé de cette prière←⤒🔗

Qu’est-ce qui permet à Jésus d’oser présenter cette demande? Après tout, sa prière est très audacieuse. Sur quelle base se permet-il de prier pour sa glorification?

Sa prière est fondée sur du solide d’abord parce qu’il est le Fils éternel du Père. Il connaît son identité : « Père, glorifie ton Fils. » Oui, Jésus est Dieu lui-même, le Fils éternel du Père. Il connaît parfaitement les liens qui unissent les trois personnes de la Trinité. Jésus est conscient d’être un homme avec ses limites. En même temps, il est conscient d’être Dieu avec le Père. « Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que le monde fût » (Jn 17.5). Le Fils a toujours habité dans la gloire de la communion avec le Père et l’Esprit.

Alors, pourquoi, maintenant, demander d’être glorifié? Aurait-il perdu sa gloire? Quand il s’est fait homme, aurait-il cessé d’être Dieu? Aurait-il perdu ses attributs divins? Non, il n’a jamais cessé d’être Dieu. Il est toujours demeuré le Dieu de gloire. Il a toutefois caché sa gloire, il a mis un voile sur sa majesté, pour que nous puissions le regarder sans être foudroyés par sa splendeur. Il s’est abaissé pour notre salut. Alors, maintenant que l’heure est venue d’accomplir ce salut, le Fils a tout à fait le droit de demander à son Père d’être à nouveau glorifié.

Mais plus encore. Regardez le bien-fondé de sa prière : « Je t’ai glorifié sur la terre; j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire » (Jn 17.4). Pendant sa prière, le Fils discute avec le Père. Il présente ses raisons, il justifie sa demande. Avant la création du monde, le Père et le Fils ont concocté ensemble un plan de rédemption. « L’œuvre que tu m’as donnée à faire. » Quand le Père lui a-t-il donné une œuvre à faire? Avant la fondation du monde! Jésus ouvre encore une fenêtre sur l’éternité passée. C’est tellement fascinant! Cette fenêtre nous permet de plonger les regards sur le plan rédempteur conçu depuis toujours dans le secret de Dieu, entre le Père et le Fils.

N’est-ce pas remarquable? Jésus est convaincu d’avoir accompli sa mission. « J’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire. » « J’ai achevé… » C’est le même verbe que celui utilisé deux chapitres plus loin, en Jean 19.30, quand Jésus dira sur la croix : « Tout est accompli. » C’est lorsqu’il va mourir pour nos péchés que tout sera vraiment achevé. Pourtant, déjà avant sa mort, il peut dire : « J’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire. » Pourquoi? Parce que c’est comme si c’était fait, c’est certain.

« Je t’ai glorifié sur la terre. » Il a toujours glorifié son Père dans toute sa vie sur terre, par son enseignement, ses miracles, ses souffrances et bientôt sa mort expiatoire. Voici pourquoi sa demande est solidement fondée : « Glorifie-moi, parce que j’ai terminé mon travail. Récompense-moi, car je le mérite. »

Jésus n’aurait jamais pu prier le Notre Père. Pourquoi? Parce que, dans le Notre Père, nous demandons : « Père, pardonne-nous nos offenses. » Jamais Jésus n’a péché ni offensé son Père de quelque façon que ce soit. Pour notre part, nous ne pourrions jamais prier la prière sacerdotale. Pourquoi? Parce que jamais nous ne pourrions dire : « Père, je t’ai toujours glorifié, j’ai parfaitement terminé mon travail. Glorifie-moi, car je le mérite. » Impossible pour nous de prier de cette façon! Seul Jésus, vrai Dieu, vrai homme et parfaitement juste, pouvait prier cette prière. Comprenez-vous le bien-fondé de sa prière? « Père, glorifie ton Fils. » Il méritait pleinement sa glorification.

Alors, quand nous contemplons le Seigneur Jésus dans sa gloire céleste, nous pouvons être absolument certains que son œuvre de rédemption a parfaitement été accomplie. Tout ce dont nous avions besoin pour notre salut éternel, il l’a fait sans qu’il manque quoi que ce soit. La preuve? Son Père l’a richement récompensé. Voyez! Le Fils a été glorifié auprès du Père.

Cette prière est notre fascination, plus encore, elle nous procure un puissant encouragement. Dans les difficultés de cette vie, dans les souffrances que nous traversons, regardons au Fils de Dieu glorifié! Il est notre parfait Sauveur! Quand nous péchons, quand nous n’arrivons pas à glorifier Dieu comme il se doit, baissons les yeux en priant humblement : « Père, pardonne-nous nos offenses. » Puis, levons les yeux avec confiance vers le ciel. Contemplons l’Agneau immolé et glorifié. Il est la garantie de notre rédemption tout accomplie!

3. Le but de cette prière←⤒🔗

Il reste une question qui peut nous chicoter. Quand Jésus demande : « Père, glorifie ton Fils », est-il égoïste? Pense-t-il seulement à lui? Cherche-t-il uniquement son prestige personnel? La réponse, nous la connaissons : Pas du tout! Ce serait absurde de dire une telle chose. L’heure est venue, il se prépare à s’offrir en sacrifice par amour pour nous. N’importe quel humain qui désire sa propre gloire refuse forcément de rendre gloire à Dieu. Quand nous voulons nous élever, nous rabaissons Dieu. Mais quand le Fils désire sa propre gloire, c’est pour glorifier son Père. « Père, glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie » (Jn 17.1). Sa gloire est réflexive, comme la lumière dans un miroir. Quand Jésus est glorifié, sa gloire rejaillit sur son Père. C’est le plan rédempteur du Père qu’il exécute. C’est la justice et l’amour du Père qu’il manifeste à la croix. C’est la puissance du Père qu’il déploie aujourd’hui à travers son règne. Tout ce qui honore le Fils honore le Père.

Plus encore, voyez l’explication au verset 2 : « … selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’il donne la vie éternelle à tous eux que tu lui as donnée. » Oui, mes amis! La gloire du Fils rejaillit même sur nous. Nous en recevons d’immenses bienfaits. Pourquoi veut-il tellement être glorifié? Pour recevoir toute autorité sur toute chair et sur l’univers. Dans quel but? « Afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. » Jésus ouvre encore une fenêtre sur l’éternité passée. Depuis toujours, le Père a donné au Fils tous les élus. Le Père lui a donné des personnes bien précises. Voilà tes brebis pour qui tu donneras ta vie et qui t’appartiendront pour toujours. Alors, quand Jésus demande : « Père, glorifie ton Fils », il n’est absolument pas égoïste. Au contraire, il fait cette demande dans le but de glorifier le Père en nous donnant la vie éternelle.

Comment peut-on recevoir la vie éternelle? En connaissant le vrai Dieu à travers son Fils Jésus. « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17.3). C’est un cadeau gratuit que Jésus nous fait, parce qu’il a été glorifié par le Père. Il a reçu le pouvoir de nous donner la vie éternelle.

Autrement dit, notre salut ne dépend pas de nous. Il ne dépend pas de ce qui se passe sur la terre en ce moment. Notre salut ne peut pas être acquis par nos efforts ou nos progrès. Il ne peut pas non plus être perdu par nos bêtises ou par les bouleversements actuels. Notre salut dépend de la glorification du Fils de Dieu. Si Jésus n’avait pas été glorifié à travers la croix, la résurrection et l’ascension, nous n’aurions pas pu recevoir la vie éternelle. Mais le Père a exaucé sa prière, le Fils a été glorifié, et alors nous recevons par la foi la vie éternelle! Il nous fait connaître le vrai Dieu en communion avec lui. Qu’arrive-t-il quand, par la foi, nous contemplons le Christ dans sa gloire? Nous devenons absolument certains de posséder la vie pour toujours en communion avec Dieu!

Voilà donc une prière fascinante qui nous révèle une gloire fascinante. Plongeons nos regards d’admiration dans cette gloire! Nous qui sommes si facilement centrés sur nous-mêmes, sur nos intérêts personnels, sur nos problèmes personnels, n’est-ce pas le temps de lever les yeux vers le ciel pour contempler sa gloire? Oui, soyons absorbés par la gloire de Jésus auprès du Père. Et alors, sa gloire rejaillira sur nous. Elle nous fera du bien dans nos malheurs. Elle nous encouragera dans nos détresses. Elle nous fera oublier nos problèmes, non pas pour les fuir, mais pour les mettre en perspective, à la lumière de sa gloire. Elle nous fera vivre. Elle nous remplira de joie. Elle remplira nos cœurs d’adoration. Elle ouvrira nos bouches pour lui dire : Loué sois-tu, notre Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit! Nous avons tellement besoin de cette gloire. Qu’elle soit notre priorité! Amen.