Cet article sur les questions 88 et 89 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet le premier élément d'une véritable repentance ou conversion qu'est la mise à mort du péché, la tristesse d'avoir péché et la haine du péché.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

La mise à mort de notre vieille nature

Quels sont les deux éléments de la véritable repentance ou conversion de l’homme?

La mortification du « vieil homme » et la résurrection de l’« homme nouveau »1.

1. Rm 6.1-11; 1 Co 5.7; 2 Co 5.17; Ép 4.22-24; Col 3.5-10.

Qu’est-ce que la mortification du « vieil homme »?

C’est être affligé du fond du cœur à cause de ses péchés1, les haïr2 et les fuir de plus en plus3.

1. Ps 51.3-6,19; Jl 2.12-13; 2 Co 7.9-10.
2. Ps 97.10; Am. 5.15; Rm 12.9.
3. Rm 6.12-13; Rm 8.12-13; 1 Co 6.18; Hé 12.1.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 88 et 89

Jésus et Jean-Baptiste ont tous les deux commencé leur ministère en prêchant : « Repentez-vous, car le Royaume des cieux est proche » (Mt 3.2; 4.17). L’apôtre Paul a résumé son ministère de la façon suivante :

« De Jérusalem, dans tout le pays de Juda, puis aux païens, j’ai annoncé la repentance et la conversion à Dieu, avec la pratique d’œuvres dignes de la repentance » (Ac 26.20).

Bien que ces notions soient devenues très impopulaires, la repentance et la conversion sont au cœur du message chrétien.

1. Un changement en profondeur🔗

Ces mots décrivent un changement en profondeur dans la vie d’une personne. On pourrait penser que la repentance ou la conversion signifie ne plus commettre certains péchés, par exemple voler, mentir ou commettre l’adultère. Ces mots ont toutefois un sens beaucoup plus profond. La Bible en français courant traduit le mot « repentance » (« métanoia ») par « changement de comportement ». C’est très malheureux, car la « métanoia » implique beaucoup plus qu’un changement de comportement. Littéralement, le mot veut dire « changement de pensée ». Ce changement profond commence à l’intérieur, dans le cœur et dans les pensées, pour se répercuter ensuite dans l’attitude et le comportement de la personne. Quant au mot conversion, il signifie « faire demi-tour », « se détourner de » pour « se tourner vers ». C’est notre vie tout entière qui est complètement réorientée, pas seulement certains aspects de notre vie.

« Quels sont les deux éléments de la véritable repentance ou conversion de l’homme? La mortification du “vieil homme” et la résurrection de “l’homme nouveau” » (Q&R 88).

Il apparaît clairement que la conversion n’est pas un changement en surface. D’après la Bible, c’est notre nature même qui doit être transformée. Notre « vieil homme » est mis à mort et « l’homme nouveau » vient à la vie. L’apôtre Paul a dit aux Éphésiens que ceux qui connaissent Jésus-Christ ont appris à « se dépouiller de la vieille nature qui se corrompt par les convoitises trompeuses » et à « revêtir la nature nouvelle, créée selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (Ép 4.22,24).

Quelle est la cause de ce changement? Il faut absolument une puissance surnaturelle pour le produire. C’est le Saint-Esprit de Dieu qui régénère. Sa puissance se déploie en action dans la vie des enfants de Dieu pour renouveler leur cœur, leurs pensées et leur vie tout entière. Nous devenons réellement une nouvelle création!

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature [ou “création”, “ktisis” en grec]. Les choses anciennes sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Co 5.17).

La puissance nécessaire pour produire la conversion est celle-là même dont Dieu s’est servi pour créer le monde et pour ressusciter Jésus-Christ d’entre les morts. Quel en est le résultat? Un résultat double : mortification et résurrection — mise à mort de la vieille nature, naissance et croissance de la nouvelle nature. Les deux aspects sont distingués, mais non séparés. On ne peut pas dire que l’ancienne nature commence par mourir et qu’ensuite la nouvelle nature vient à la vie. Les deux se produisent en même temps. Les deux sont un processus à long terme, un combat qui durera toute notre vie. Nous nous attarderons cette fois-ci au premier aspect de la conversion, qui consiste en notre mise à mort du péché, sans oublier toutefois que cet aspect est étroitement rattaché à notre vie nouvelle, sujet que nous verrons dans un prochain article.

2. La tristesse d’avoir péché🔗

« Qu’est-ce que la mortification du “vieil homme”? C’est être affligé du fond du cœur à cause de ses péchés, les haïr et les fuir de plus en plus » (Q&R 89). La conversion comporte toujours un aspect pénible et un aspect merveilleux. Tristesse et joie en même temps. La mise à mort est associée à la tristesse, tandis que la vie nouvelle est associée à la joie. La repentance est d’abord une tristesse qui vient du fond du cœur. Il n’y a pas de vraie repentance s’il n’y a pas de tristesse profonde.

Qu’est-ce qui nous afflige lorsque nous avons cette tristesse? C’est d’avoir offensé Dieu. David, après avoir admis son péché d’adultère avec Bath-Chéba, était profondément affligé.

« Ô Dieu! fais-moi grâce selon ta bienveillance, selon ta grande compassion, efface mes crimes. […] Car je reconnais mes crimes, et mon péché est constamment devant moi. […] Les sacrifices agréables à Dieu, c’est un esprit brisé, un cœur brisé et contrit; ô Dieu, tu ne le dédaignes pas » (Ps 51.3,5,19).

L’apôtre Pierre, après avoir renié trois fois son Maître, est sorti et « pleura amèrement » (Mt 26.75).

Il est possible d’être attristé de ses péchés sans nécessairement se repentir. Nous connaissons l’exemple de Judas qui, dans le remords, s’est rendu compte de ce qu’il avait fait après avoir trahi Jésus. Judas n’a pourtant jamais cherché la miséricorde de Dieu. Son amère tristesse était désespérée, sans aucune repentance. Nous avons vu déjà l’exemple d’Ésaü qui a tellement regretté d’avoir vendu son droit d’aînesse et qui a « cherché avec larmes » à faire changer d’avis son père (Hé 12.17). Ce n’étaient toutefois pas des larmes de repentance. Paul nous dit qu’il existe deux sortes de tristesse : « La tristesse selon Dieu produit une repentance qui mène au salut et que l’on ne regrette pas, tandis que la tristesse du monde produit la mort » (2 Co 7.10).

Qu’est-ce qui peut amener un non-croyant à s’attrister de ses péchés? Il peut être désolé d’avoir été surpris en flagrant délit, ou ressentir de la honte devant les autres qui savent maintenant ce qu’il a fait et qui portent sur lui un regard accusateur, etc. Un voleur peut être attristé de ses péchés parce qu’il doit en subir les conséquences terrestres, par exemple perdre sa liberté et purger sa peine en prison, ou subir d’autres contrecoups fâcheux. Toutes ces tristesses sont « la tristesse du monde » qui produit la mort. Il faut absolument ressentir « la tristesse selon Dieu ». C’est la seule qui mène au salut!

Quelle est la différence entre les deux tristesses? La première ne s’afflige pas devant Dieu. Elle ne reconnaît pas la véritable nature du péché et ne fait que s’endurcir devant Dieu. La deuxième, celle qui produit la vraie repentance, s’afflige d’avoir offensé Dieu. Au Psaume 51, David ne dit pas : « J’ai péché contre Urie et contre Bath-Chéba. » Il dit, dans sa prière qu’il adresse au Seigneur : « J’ai péché contre toi, contre toi seul, et j’ai fait le mal à tes yeux » (Ps 51.6).

La mise à mort de notre vieille nature est émotivement très pénible. Qui est celui qui aime être reconnu comme pécheur? Nos résistances sont renversées et nos excuses devant Dieu sont mises à mort. Il nous faut avouer nos fautes et reconnaître que nos péchés sont très graves aux yeux de l’Éternel Dieu. Notre cœur contrit s’humilie devant lui et recherche son pardon.

3. La haine du péché🔗

La repentance n’engage pas seulement nos émotions. Elle engage également notre volonté et nos actions. « Qu’est-ce que la mortification du “vieil homme”? C’est être affligé du fond du cœur à cause de ses péchés, les haïr et les fuir de plus en plus » (Q&R 89). Nous ne faisons pas toujours ce lien entre la tristesse et la haine, entre l’émotion et l’action, mais l’Esprit Saint œuvre efficacement en nous pour nous y amener. Si nous sommes réellement désolés à cause de nos péchés, nous allons les détester et les combattre. Le non-croyant dira peut-être qu’il est désolé, mais il ne s’attristera pas vraiment de son péché. Il sera prêt à recommencer aussitôt. Il ne détestera pas le péché en lui-même et ne cherchera pas à fuir loin du péché. Il y prendra plaisir et le savourera secrètement. Par contre, celui qui se repent véritablement devant Dieu se mettra à détester le péché et cherchera à s’en éloigner. Ce que nous trouvions plaisant commencera à devenir répugnant à nos yeux.

La mise à mort de notre vieille nature ne se produit pas de façon instantanée. Elle se fait progressivement. C’est une lutte constante et difficile. Un chrétien a déjà dit : « On me demande parfois : Êtes-vous né de nouveau? Je réponds : Oui, certainement, et chaque jour, je meurs un peu plus à nouveau! » Cette mise à mort progressive de notre nature mauvaise se terminera le jour où nous mourrons physiquement.

Comment est-il possible de lutter contre un ennemi aussi redoutable? Paul pose une question incisive : « Que dirons-nous donc? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde? » (Rm 6.1). Sa réponse vient aussitôt : « Certes non! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché? » (Rm 6.2). Nous sommes déjà morts au péché! À quel moment cette mise à mort s’est-elle produite? Quand le Seigneur Jésus est mort sur la croix! Jésus n’était pas seul à mourir sur la croix. Nous étions là avec lui.

« Nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec lui, afin que ce corps de péché soit réduit à l’impuissance et que nous ne soyons plus esclaves du péché » (Rm 6.6).

Oui, nous pouvons combattre le péché dans nos vies! Comment cela? Parce que, sur la croix, le Christ a vaincu le péché et le diable. Il nous a libérés du pouvoir du diable et nous a donné son Saint-Esprit. Le péché n’est plus notre patron et le diable non plus. Paul conclut : « Que le péché ne règne donc pas dans votre corps mortel et n’obéissez pas à ses convoitises » (Rm 6.12). Oui, la bataille est possible! Voilà une bonne nouvelle! Nous pouvons dire non au péché. Nous pouvons le faire avec la force du Seigneur.

4. Un combat spirituel incessant🔗

« Faites donc mourir votre nature terrestre : l’inconduite, l’impureté, les passions, les mauvais désirs et la cupidité qui est une idolâtrie. […] Rejetez tout cela : colère, animosité, méchanceté, calomnie, paroles grossières qui sortiraient de votre bouche » (Col 3.5).

Faites mourir cette vieille nature! Nous avons si souvent de mauvais désirs dans nos pensées. Comment faire pour les mettre à mort? En nous éloignant des tentations. En temps de guerre, fuir est parfois une excellente stratégie. Si nos pensées impures sont enflammées par la télévision, par Internet ou par des journaux, il est avantageux pour nous de nous éloigner de ces sources de tentation. Le péché demande une action radicale. Comment faire pour combattre la colère, les querelles, la méchanceté, les paroles dures, le mensonge, etc.? Cela demande une grande détermination, nourrie par la prière constante. Mettre à mort la vieille nature est quelque chose de pénible. Cela exige beaucoup de travail, une concentration sans répit sur la bataille spirituelle dans laquelle nous sommes engagés.

Rappelons-nous que Jésus-Christ a déjà remporté la victoire. Croyons que nous pouvons combattre grâce à lui et par la puissance de son Esprit. Il nous accordera de voir des progrès et des victoires dans nos vies. Ce sera une marque de reconnaissance pour tout ce qu’il a fait pour nous et la preuve de l’œuvre de l’Esprit dans nos cœurs. Nous goûterons alors la joie de la vie nouvelle remplie du fruit de la justice.