Cet article sur 1 Corinthiens 15.13-19 a pour sujet la nouvelle de la résurrection de Jésus qui procure la seule certitude et l'unique espérance. Sa victoire sur la mort est source de vie nouvelle par la puissance de son Esprit.

Source: Méditations sur les fêtes chrétiennes. 4 pages.

1 Corinthiens 15 - Pâques au cœur de la vie Message de Pâques

« S’il n’y a pas de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine, et votre foi aussi est vaine. Il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous avons témoigné contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ, tandis qu’il ne l’aurait pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés et ceux qui sont morts en Christ sont perdus. Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. »

1 Corinthiens 15.13-19

Il s’agit là moins d’un argument logique que d’une proclamation nous invitant à croire. En définitive, ce n’est pas notre raison seule qui décidera si l’argument de Paul a du poids ou non, qui s’établira comme juge et prononcera la validité d’un tel discours. Ce ne seront pas non plus les remarques ou les critiques des modernes qui rendront cette affirmation plus intelligible et digne de foi. L’homme moderne, lui, peut comparer l’argument de l’apôtre Paul aux preuves que nos contemporains avancent pour signaler la présence des soucoupes volantes. Pour nous, lecteurs de ce texte, croyants de l’Église, disciples de Jésus-Christ, ce n’est ni la logique, ni l’illogisme, ni la raison, ni la déraison qui fondent notre foi; c’est ce texte, reçu tel qu’il est, accepté dans sa simplicité et cru comme la nouvelle la plus extraordinaire de toute l’histoire des hommes.

Alors, permettez-moi de vous dire, chers amis, que c’est à prendre ou à laisser; mais je vous invite à le prendre et, surtout, à célébrer Pâques au cœur de votre vie, à vivre Pâques au milieu de l’existence quotidienne et en dépit de la présence toujours proche et apparemment omnipotente de la mort, celle dont les victimes, proches ou lointaines, se chiffrent chaque jour par des milliers et des milliers; celle qui semble régner toute puissante sur l’histoire des hommes, celle qui glane, en saison et hors saison, une moisson infernale dans les cyclones, les famines, les épidémies, les guerres ou encore lors de répressions sanglantes; qui ne cesse de faucher sur la route des vies encore fraîches et promises à l’épanouissement… Chaque matin, au lever, c’est son ombre menaçante qui nous enveloppe, et le coucher du soleil ne la verra pas disparaître. À notre époque, elle semble encore plus puissante qu’autrefois puisque, par le truchement des armes totales, elle peut anéantir l’humanité tout entière en un temps record.

L’homme moderne pense qu’il n’est que simple matière. Il s’écrase en bouillie s’il tombe d’une hauteur, il s’embrase comme une torche si la moindre étincelle l’enflamme. Il n’est que déchet, semblable aux déchets que ramassent chaque jour les services de la voirie. La Bible, elle aussi, constate que « toute chair est comme l’herbe et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe » (1 Pi 1.24). Mais voilà que, précisément, c’est la même Bible qui nous annonce une nouvelle hors du commun, la résurrection du Christ, et d’ajouter : si Christ n’est pas ressuscité, nous non plus, nous ne ressusciterons pas.

Saint Paul adressait sa lettre aux chrétiens, à l’Église d’une grande cité de l’Antiquité grecque, Corinthe. Ces hommes et ces femmes de Corinthe avaient probablement les mêmes objections que vous à l’égard de la résurrection des morts. S’estimant réalistes et pragmatiques, les pieds sur terre, ils refusaient de souscrire à ce qui leur paraissait une hypothèse qui, bien que fort réjouissante, risquait de s’avérer pure chimère. Notre ennemie la mort était déjà avant nous leur ennemie, aussi hideuse et répugnante, aussi révoltante et cruelle.

Mais qu’ont-ils, ces Corinthiens, en guise d’arguments, de raisonnement, de preuves et de certitude? Une simple leçon de catéchisme dont la logique demeure élémentaire, mais proclamée avec une telle force et une telle conviction que son feu embrase le cœur du croyant et le fait battre d’une espérance toute neuve! Oui, c’est une nouvelle à prendre ou à laisser. Mais je vous conseille vivement de la prendre, car elle sera la seule certitude à laquelle vous pourrez vous accrocher à tout instant, la seule espérance vraiment nouvelle! Oui, tout au long de votre vie, au cœur même de ces sombres journées que connaît toute existence humaine…

Si le Christ n’est pas ressuscité corporellement, si sa tombe n’est pas restée vide, s’il n’est pas apparu à Pierre et aux autres apôtres, aux cinq cents fidèles et enfin à Paul en personne, alors nous aussi, chrétiens du vingtième siècle, nous serions les plus misérables des hommes. C’est en vain que nous nous réclamerions du Christ, que nous porterions son nom. Or, rassurez-vous. Les chrétiens de la ville de Corinthe ont accepté l’argument de leur ex-pasteur non par simple commodité ni par crédulité naïve. Ils savaient que, ou bien le Christ était bel et bien sorti de la tombe, ressuscité d’entre les morts, et ils avaient bien misé, ou bien son cadavre, sujet à la décomposition comme tous les cadavres, était resté enfermé entre les murs d’une tombe taillée sur le roc, et alors ils n’avaient qu’a finir leur triste existence allant vers la ruine et le néant.

Mais voilà, le Seigneur était réellement ressuscité. La pierre fermant la porte du sépulcre avait roulé; le pouvoir de l’adversaire avait été anéanti; le péché asservissant les hommes avait été dépossédé de ses droits et la mort elle-même avait perdu son poison, « entièrement dévitalisée », comme l’a dit admirablement un prédicateur en paraphrasant saint Paul. Tous ces ennemis vivent, depuis ce moment-là, leurs derniers instants. Nous savons avec les Corinthiens que nous assistons à leurs ultimes soubresauts.

Mais il y a aussi une répercussion de la résurrection du Christ sur notre vie quotidienne. Elle change non seulement nos cauchemars en sereine certitude, mais aussi, jour après jour, toute notre optique sur la vie présente. C’est la raison pour laquelle nous aurons à célébrer Pâques au cœur de notre vie. Il ne servirait à rien de chanter des cantiques ou de vouer au Ressuscité une piété touchante, mais sans effet. Le Christ n’est pas un fantôme. Sa résurrection n’est pas une vision intérieure devant faire uniquement l’objet d’une béate contemplation. Il est source de vie, d’une vie qui se déverse en abondance sur notre vie quotidienne. Sa victoire a renversé toutes les forces en place jusque là. Alors, même en pleine crise, au milieu des harcèlements de la vie moderne et au milieu de tous les drames, lorsque les passions se déchaînent et que la violence, la haine et le mensonge l’emportent, nous saurons célébrer Pâques au cœur même de la vie.

Chaque jour, le Christ déclare —, et cela depuis deux mille ans : « Je suis la résurrection et la vie », et il clamera son autorité jusqu’à la fin. Aucune autre voix ne pourra couvrir la sienne, aucun vacarme ne pourra voiler ses accents de triomphe. Lui qui est venu vivre notre vie, connaître nos drames, subir nos ruptures et souffrir nos déchirements, lui qui a mangé et bu comme chacun d’entre nous, qui a pleuré de nos douleurs, il est le même dont la voix sereine, rassurante et libératrice proclame : « Je suis la résurrection et la vie » (Jn 11.25).

Célébrons donc Pâques au cœur de notre vie. Nous pourrons le faire à travers ces signes et ces gestes apparemment insignifiants qui ne retiennent pas les flashes de l’actualité, mais qui sont pourtant plus essentiels que tout autre événement. L’actualité la plus actuelle ce sont la bonté, le souci fraternel, le don de soi, la patience et la miséricorde, l’amour et le service… À cause du Christ et par l’Esprit qui nous anime, nous deviendrons chaque jour les membres de cet organisme vivant qu’est l’Église, corps du Christ; un seul corps, une seule âme, une même pensée. Alors cela s’appellera, selon l’expression admirable de l’apôtre Paul, « connaître la puissance de la résurrection » (Col 3.10).

Qu’en est-il de notre foi en Christ, frères et sœurs chrétiens? Sa résurrection, nous la tenons parfois comme un souvenir du passé, comme une fleur très belle et pourtant déjà fanée… Le monde ne croira pas au Ressuscité et encore moins à la résurrection si, insensibles et indifférents, nous nous dressons comme la pierre qui fermait le tombeau du Christ.

Or, nous croyons fermement que la résurrection du Christ assure et garantit la nôtre. Mais elle est déjà, chaque jour, une exigence nouvelle, une obéissance coûteuse, un service fidèle, une très longue marche. Alors la proclamation de Paul, l’Évangile de la résurrection, demeure l’unique impulsion pour un engagement vrai et total pour le Christ et dans la voie de l’amour vécu. Comment donc ne pas conclure notre message avec les termes mêmes de l’apôtre, à la fin de ce long chapitre consacré à la résurrection du Christ et à la nôtre?

« Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, progressez toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Co 15.58). Et alors, autour de nous, le monde se rendra compte de la nouveauté de la vie, parce qu’il aura été le témoin de la puissance de la résurrection du Christ.