Cet article sur Actes 4.8-12 a pour sujet l'exclusivité du nom de Jésus-Christ, car il n'y a pas de salut ailleurs qu'en lui, contrairement à ce que prône l'esprit de tolérance qui dit que toutes les religions seraient bonnes.

Source: Le salut et la conversion. 5 pages.

Actes 4 - Point de salut ailleurs

« Alors Pierre, rempli d’Esprit Saint, leur dit : Chefs du peuple, et anciens, puisque nous sommes interrogés aujourd’hui sur un bienfait accordé à un homme infirme, et sur la manière dont il a été guéri, sachez-le bien vous tous, ainsi que tout le peuple d’Israël! C’est par le nom de Jésus Christ de Nazareth, que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts, c’est par lui que cet homme se présente en bonne santé devant vous. C’est lui, la pierre rejetée par vous, les bâtisseurs, et devenue la principale, celle de l’angle. Le salut ne se trouve en aucun autre : car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

Actes 4.8-12

« Il n’y a de salut en aucun autre. » Cette parole de saint Pierre me rappelle ce qui, à l’heure actuelle, est à l’ordre du jour dans le vaste monde religieux : le vieux cliché qui déclare que toutes les voies mènent au salut et que, par conséquent, le nom du Christ Jésus n’est pas exclusif, mais simplement l’un parmi les nombreux noms pouvant mener au salut. Le climat est à l’universalisme, à l’œcuménicité des religions, à l’équivalence de toutes les spiritualités naissantes et prospérant sous les cieux cléments d’une tolérance invertébrée, prétendant vous offrir ce dont vous avez le plus urgent besoin : le salut.

Je me rends parfaitement compte de la grave offense que nous autres chrétiens faisons, notamment aux religions de l’Inde, par cet « exclusivisme du Christ ». Que signifie, protestent leurs représentants, « que l’on ne puisse trouver de salut ailleurs qu’en votre Christ? » Rappelons-nous que les occupants du sous-continent sont un peuple parmi les plus religieux, si ce n’est le plus religieux de la terre! Depuis l’antiquité la plus reculée, le salut de l’âme est le sujet de leur préoccupation. Ceux d’entre eux qui connaissent quelque chose de Jésus-Christ lui témoignent un sincère respect. Jésus-Christ occupe une place éminente dans la galerie des illuminateurs de la race humaine et des prédicateurs de hautes et nobles vérités. Mais de là à admettre qu’il soit la source unique du salut, il y a, protesteront-ils, un monde!

Si vous avez visité au bord du Gange certains temples hindous voués au culte de Ramakrishna, vous y apercevrez non seulement des images de celui-ci ou du Bouddha, mais encore celle de Moïse, de Mahomet et du Christ. Tous ces personnages sont honorés avec un égal respect en tant que fondateurs de religions et messagers de salut. L’Inde et ses religions offrent au curieux l’exemple le plus parfait de la tolérance religieuse, le terrain où s’épanouit, sans problème, semble-t-il, l’œcuménisme de toutes les religions supérieures de l’humanité. Nous autres chrétiens faisons figure de fanatiques, n’acceptant qu’une seule religion comme vraie, intolérants sujets et disciples d’un seul maître, ou « gourou », qui ne serait pas égal aux autres…

C’est face à cette prétention de tolérance que nous entendons, haute et forte, la déclaration de saint Pierre : « Il n’y a de salut en aucun autre. » Au risque d’être impolis et intolérants, nous maintenons, aujourd’hui encore, la même confession de foi. Et nous en expliquerons le pourquoi. Car, précisément, la question essentielle pour toute religion réside dans le point suivant : aujourd’hui comme dans le passé, devant le sanhédrin juif ou sur le champ des missions, notre réponse sera la même. Pourquoi cette « intolérance »?

Pour commencer, cherchons à comprendre les deux sens du mot tolérance. Premièrement, prenons les nécessaires précautions pour signaler que nous ne voulons pas punir ceux qui différent de nos opinions, voire qui s’opposent à nos convictions. Pas plus pour le musulman que pour le brahman ou autres bonzes de l’Extrême-Orient. Nous regrettons sincèrement certaines pages de l’histoire de l’Église, souillées par le sang des hérétiques massacrés, et non seulement d’hérétiques, mais encore de chrétiens fidèles ayant eu le courage de se séparer, à certaines périodes, d’erreurs officiellement professées par l’Église. Nous regrettons et condamnons les échafauds, les bûchers et les dragonnades, chez nous ou ailleurs. Dieu merci, cette intolérance-là est révolue et elle appartient — nous l’espérons tout au moins — au passé, quoiqu’on ne sait jamais…

Pourtant, cette intolérance est toujours couramment pratiquée dans d’autres religions, qui persistent à massacrer, à assassiner ou tout au moins opprimer les adeptes des autres religions, et notamment ceux qui appartiennent à la foi chrétienne, surtout lorsqu’il y a eu conversion à l’Évangile à partir de telle ou telle religion. À bon entendeur… salut.

Dieu merci, et bien que tout soit loin d’être rose, nous bénéficions encore d’une certaine liberté de conscience et de culte pour servir Dieu sans être directement persécutés. Mais une telle conviction est toute autre chose que l’espèce de tolérance-indifférence dont font preuve les religions de l’Inde, aux yeux desquelles toutes les religions sont porteuses de vérités donnant accès au salut. Christ, mais aussi Rama, Krishna et Bouddha, sont des figures parallèles pouvant guérir les maux des humains et leur apporter le salut…

Cette tolérance n’a pas de point commun avec la patience dont nous devons faire preuve à l’égard de ceux qui divergent de nous, elle s’oppose à notre exclusive confession de foi en Christ. En fait, elle la neutralise. Serais-je donc intolérant en affirmant que la vérité elle-même est intolérante? Examinez vous-mêmes la chose : S’il est vrai que 2 et 2 font quatre, dans ce cas, 2 et 2 ne feront jamais 5! Cela a l’air enfantin, me direz-vous, et pourtant telle est l’essence de la vérité, de toute vérité vraie! Cette intolérance doit être appliquée à tout ce qui concerne la vérité et son expression.

S’il est vrai que Henri IV fut assassiné un 12 mai 1610 par un certain Ravaillac, il n’est pas vrai que le bon roi Henri mourut de sa belle mort, couché dans son lit royal, entouré des membres de sa famille et de ses nombreux courtisans… La vérité historique ne soulève aucune contradiction de cette espèce, autrement ce serait absurde. La vérité est une et exclusive, et la prétendue tolérance religieuse des hindous ou à leur suite de ceux qui la singent en Occident soutient, implicitement au moins, qu’au fond aucune religion n’est vraie, ou pas inconditionnellement vraie. Naturellement, nous admettons des vérités partielles, mais l’ensemble de ces vérités partielles et fragmentaires ne formera jamais la vérité totale. Si quelque chose est entièrement, et non seulement partiellement, vrai, la reconnaissance simultanée d’une autre chose comme totalement vraie n’est plus possible. Il n’y a que l’alternative : ou bien ou bien; ou bien les religions orientales sont vraies, ou bien la foi chrétienne est vraie.

Vous m’objecterez qu’il est possible d’opter exclusivement pour la religion hindoue, et exclure ainsi la foi chrétienne comme étant la seule vraie. Je vous répondrai ceci : Je reconnais que les religions que nous appelons « les religions spirituelles et supérieures », dont certaines produites par l’Inde, possèdent des éléments de vérité. Nous reconnaissons que Dieu a placé en tout homme venant au monde ce que Jean Calvin appelait la semence de la religion. La plupart des religions humaines contiennent certains de ces éléments non parce qu’elles les ont découvertes elles-mêmes, mais simplement parce que Dieu n’a laissé personne dans une ignorance totale concernant sa personne et sa volonté. (Voir le premier chapitre de la lettre de Paul aux Romains.) Nous respecterons, dans une certaine mesure, les lumières spirituelles dont hommes et femmes témoignent dans la pratique de leur religion. Nous admettons que d’autres que les chrétiens se préoccupent de la question du salut.

Pourtant, il reste un point qu’aucune autre religion, en dehors de l’Évangile chrétien, n’a pu aborder : Celui de l’événement historique selon lequel une personne est apparue au cours de l’histoire non seulement pour discourir de réconciliation de Dieu avec les hommes, mais pour la réaliser et apporter ainsi le salut. C’est précisément ce que Jésus a accompli. Il n’a pas formulé des théories ou échafaudé des hypothèses, il n’a pas encouragé ses adeptes à chercher le salut en suivant n’importe quelle voie ou en essayant n’importe quelle expérience spirituelle, mais en l’acceptant comme le Sauveur en personne. « Je suis venu non pour être servi, mais pour servir et pour donner ma vie en rançon pour beaucoup », a-t-il affirmé (Mc 10.45). Tel est le noyau de l’Évangile chrétien et l’exclusivisme de Pierre et de l’Église chrétienne; ce noyau n’est pas un message d’intolérance, mais de révélation; il est l’unique voie pour accéder au Dieu de notre salut par l’intermédiaire d’un homme, Jésus de Nazareth, qui était aussi Dieu.

Toutes les religions discourent au sujet de Dieu, comme nous le faisons nous-mêmes. Elles ont des idées d’incarnation, de déité, de vie éternelle aussi. Mais elles n’ont pas quelqu’un qui soit mort sur la croix pour expier les péchés et effacer la culpabilité des hommes afin de payer le prix de nos offenses et nous réconcilier avec Dieu. Les autres religions ne peuvent pas se prévaloir d’un tel Sauveur. Ni Bouddha, ni Krishna, ni Mohamet, ni Confucius n’ont été ce Sauveur-là, malgré certains enseignements qui peuvent atteindre parfois un niveau très élevé. Aucun de ces fondateurs de religion n’a donné sa vie pour mon salut personnel, pas plus que pour le salut et la réconciliation de l’humanité avec Dieu.

Saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, écrivait la même chose : « Je n’ai voulu savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Co 2.2). Au cœur de la foi chrétienne, il y a une tache noire qui s’appelle offense, culpabilité, péché. Le péché est une barrière infranchissable entre nous et Dieu, et il faut qu’elle disparaisse. Nous autres humains nous connaissons une somme de misères, de détresses, de pauvreté, de maladies; mais nous connaissons surtout la violence, les agressions, la haine, les guerres, et, pour finir, la mort. Combien aimerions-nous être affranchis de tout cela!

Mais ces problèmes-là ne sont pas notre problème essentiel. Elles n’affectent que les circonstances extérieures et, ainsi que le définit admirablement le professeur Jean Brun, elles sont notre situation humaine, pas notre condition. Même si l’on ne s’en rend pas compte. Il est vrai qu’actuellement ceux qui sont conscients de cette tragique condition humaine semblent peu nombreux. Il n’en demeure pas moins que telle est la terrible réalité. Si nous perdons Dieu, nous ne manquerons pas de perdre notre propre vie.

Aucune autre religion, même la plus spirituelle ou supérieure, n’a jamais compris ceci. Les hommes aspirent à toutes sortes de libérations, mais pas à une telle rédemption. Ils ne souhaitent pas briser leurs chaînes ni rompre leur joug le plus dégradant : celui de leur péché. Serait-ce parce qu’aucune autre religion n’a saisi aussi profondément ce qu’est la personne humaine? Or, sachons que notre culpabilité morale et religieuse est ce qui nous touche le plus personnellement. Et ce qui fait de nous des personnes véritablement humaines est une relation correcte avec Dieu, Créateur et Rédempteur, dont notre santé et notre bien-être dépendent exclusivement.

Si nous nous coupons de celui-ci, nous mourrons; notre personnalité et notre vie seront détruites comme atteintes par un SIDA moral. Tels sont les dégâts causés en nous par le péché, à moins de trouver le salut en Jésus-Christ. Ce mal, ce SIDA spirituel et religieux, peut guérir dans la mesure où Dieu restaure sa communion, rétablit les ponts, pardonne les fautes; alors nous sommes au bénéfice du salut véritable.

La mort du Christ a effectué précisément cela. Non à travers moralisme ou légalisme, aussi religieux soient-ils. J’ai eu l’autre jour l’immense tristesse de lire sous la plume du professeur Henri Baruch, médecin français et croyant israélite dont j’apprécie par ailleurs la solidité intellectuelle, cette phrase terrible au sujet de la mort expiatoire du Christ; « C’est ignoble et imbécile — écrit-il — de considérer la mort expiatoire d’un Dieu… » Saint Paul n’écrivait-il pas, il y a deux mille ans, que la mort du Christ, mort de victime expiatoire pour effacer nos péchés, était un scandale? C’est en lui, par lui, à cause de lui que Dieu a détruit définitivement la barrière qui nous empêche de le rencontrer. Dans la mort du Sauveur, le péché de nos vies est aussi mort.

Tel est l’Évangile chrétien; celui prêché par saint Pierre, celui que l’Église fidèle restant dans la véritable tradition apostolique continue à prêcher. C’est en lui que nous avons le salut, et non en Bouddha, Krishna, Mahomet ou la religion judaïque. Dieu n’a pas épargné son Fils, mais l’a livré pour nous. Aussi sommes-nous persuadés que rien ne nous séparera de son amour manifesté en Christ. Si cela est intolérance, alors j’insiste pour rester intolérant, puisqu’il en va de mon salut, mais aussi du vôtre…