Cet article sur les questions 3 à 5 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la nécessité de connaître la grandeur de notre péché et de notre misère par les exigences de la loi de Dieu, afin de parvenir à la joie du salut en Jésus.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

Connaissons-nous notre péché et notre misère?

Par quoi connais-tu ta misère?

Par la Loi de Dieu1.

1. Rm 3.20; Rm 7.7-25.

Qu’exige donc de nous la Loi de Dieu?

Jésus-Christ nous l’apprend dans le sommaire qu’il en donne1 : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force2. C’est là le premier et le grand commandement. Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même3. De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes. »

1. Mt 22.37-40; Lc 10.27.
2. Dt 6.5.
3. Lv 19.18; Ga 5.14.

Peux-tu parfaitement observer tout cela?

Non1, car par nature je suis enclin à haïr Dieu et mon prochain2.

1. Rm 3.10-12,23; 1 Jn 1.8,10.
2. Gn 6.5; Gn 8.21; Jr 17.9; Rm 7.23; Rm 8.7; Ép 2.3; Tt 3.3.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 3 à 5

  1. Un sujet pénible, mais salutaire
  2. Le miroir de la loi (Q&R 3)
  3. L’exigence de la loi (Q&R 4)
  4. Notre opposition à la loi (Q&R 5)

Le Catéchisme de Heidelberg est divisé en trois grandes parties : d’abord notre péché et notre misère, puis notre délivrance de ce péché et de cette misère, et enfin notre reconnaissance pour cette si grande délivrance. Que cela nous plaise ou non, il nous faut bien commencer par notre péché et notre misère!

1. Un sujet pénible, mais salutaire🔗

Avouons-le, ce sujet n’est pas très réjouissant, il est même plutôt déprimant. Nous aimerions mieux parler de l’amour de Dieu ou de la manière dont nous pouvons vivre dans la reconnaissance, qui sont des réalités plus encourageantes.

Nous n’avons cependant pas le choix, il nous faut d’abord considérer ce sujet décourageant et déprimant. Cette étape est essentielle pour parvenir à la joie d’une vie vécue dans la reconnaissance. « Combien de choses dois-tu savoir pour vivre et mourir dans cette heureuse assurance? » La réponse proposée est sans équivoque : « Trois. D’abord, combien sont grands mon péché et ma misère… » (Q&R 2). Oui, pour pouvoir vivre et mourir dans cette « heureuse assurance » et dans ce puissant réconfort d’appartenir tout entier à Jésus-Christ, nous avons absolument besoin d’être conscients de notre péché et de notre misère. C’est ainsi que nous pourrons véritablement nous réjouir de la rédemption qui nous est acquise en Jésus-Christ et que nous serons amenés à vivre d’un cœur reconnaissant pour cette merveilleuse délivrance.

Les auteurs du Catéchisme ne se sont pas attardés à décortiquer notre problème fondamental. La première partie sur notre péché et notre misère compte seulement neuf questions et s’avère beaucoup plus courte que les deux autres parties. Avons-nous d’ailleurs besoin de nous pencher longuement sur notre état misérable, comme un médecin qui se plairait à examiner son patient agonisant sur son lit de mort? Il nous importe plutôt d’étudier en détail comment nous sommes délivrés en Jésus-Christ et comment nous devons exprimer notre reconnaissance. Sauf qu’à notre époque où les gens ont perdu toute notion du péché, de la sainteté de Dieu et de notre responsabilité devant notre Créateur, une bonne connaissance de notre misère, jointe à un aveu sincère de notre péché, ne pourra que s’avérer salutaire.

Quelqu’un a déjà dit que s’il avait soixante minutes pour présenter l’Évangile à un non-croyant, il en prendrait cinquante-neuf pour lui expliquer son problème et réserverait la dernière pour lui faire connaître la solution. Sans aller aussi loin, sachons tout de même reconnaître notre misère afin d’apprécier à sa juste valeur notre délivrance en Jésus-Christ.

2. Le miroir de la loi (Q&R 3)🔗

« Par quoi connais-tu ta misère? » (Q&R 3).Voilà une question d’une importance fondamentale. Quand nous essayons de parler de l’Évangile aux autres, comment pouvons-nous leur montrer qu’ils ont besoin de croire en Jésus-Christ? De quelle manière cherchons-nous à les convaincre qu’ils sont pécheurs, dans un état misérable, et qu’ils ont absolument besoin du pardon de Dieu et du Sauveur appelé Jésus-Christ? De quelle façon sommes-nous nous-mêmes convaincus de notre péché et de notre misère?

Certains ont suggéré que nous apprenons à connaître notre état misérable avant tout par notre expérience. Il suffit de penser à tous ces criminels dans la société, aux atrocités commises par Adolf Hitler, à la haine qui déchire familles et nations, aux guerres qui font rage et qui détruisent. Oui, avec tous ces moyens de communication qui nous transmettent instantanément quantité d’informations sur l’état de la planète, nos observations peuvent nous convaincre de la misère du monde en général. Mais, avouons-le, il n’est pas facile pour chacun d’entre nous d’admettre que nous sommes personnellement de misérables pécheurs. Après tout, comme on entend souvent : « Je n’ai tué personne, je ne suis pas criminel, je ne suis pas une si mauvaise personne. » Telle est la perception que la plupart des gens ont d’eux-mêmes et que nous avons de nous-mêmes.

D’autres ont proposé que nous pouvions évaluer notre condition morale et spirituelle au moyen de notre conscience. En Romains 2.14-15, l’apôtre Paul dit d’ailleurs que les païens montrent par leurs actions qu’ils ont une conscience morale. Dieu a inscrit en chacun de nous la notion du bien et du mal, mais la conscience n’est pas une norme absolue ni une règle infaillible. Elle devient facilement élastique et subjective. Nous avons cette grande capacité d’adapter notre conscience à nos désirs et à nos propres intérêts. Ce qui autrefois était illégal ou immoral ne l’est plus aujourd’hui (pensons par exemple à l’avortement, à la « libération » des mœurs sexuelles, à l’euthanasie). Nous avons perdu toute norme absolue par laquelle nous pourrions juger de ce qui est bien et de ce qui est mal.

L’expérience et la conscience ont certes leur utilité, mais elles sont incapables de nous donner une juste et bonne connaissance de notre péché et de notre misère. Il nous faut plus que des circonstances heureuses ou malheureuses et plus que des sentiments naturels de culpabilité pour nous amener à chercher refuge en Jésus-Christ.

Comment alors reconnaître notre état misérable? « Par quoi connais-tu ta misère? Par la loi de Dieu » (Q&R 3). De nous-mêmes nous refusons d’admettre que nous sommes de misérables pécheurs. L’apôtre Paul a dit : « C’est par la loi que vient la connaissance du péché » (Rm 3.20). « Je n’ai connu le péché que par la loi de Dieu » (Rm 7.7). Ce sont les commandements de Dieu qui nous montrent précisément ce qu’est le péché. Nous pensons parfois que le péché se définit comme étant un tort que nous faisons subir à d’autres personnes. La Bible nous dit plutôt que pécher, c’est désobéir à Dieu et à sa loi (1 Jn 3.4). Nous essayons par tous les moyens de nier cette réalité.

Un enfant qui joue dehors dans la boue en pleine obscurité ne verra pas l’état de ses vêtements. Dès qu’il entre dans la maison, la lumière qui éclaire la pièce lui fait voir sa saleté. C’est le rôle de la loi de Dieu de mettre en lumière les péchés que nous commettons contre Dieu et de nous convaincre de notre misère qui en découle, comme un miroir qui nous fait voir notre vrai visage. Soyons reconnaissants au Seigneur de nous avoir révélé sa loi par laquelle il dévoile à nos yeux la gravité de nos péchés et nous montre notre grand besoin de nous réfugier en Jésus-Christ.

3. L’exigence de la loi (Q&R 4)🔗

Le mot « loi » dans la Bible désigne les dix commandements, de même que l’ensemble des règles et des prescriptions que le Seigneur a communiquées à son peuple, mais il se rapporte aussi à toute la Parole de Dieu. Au sens large, loi signifie révélation de Dieu, par exemple ce qu’on appelle les cinq livres de la loi (Genèse à Deutéronome) contiennent aussi bien des promesses et des actions divines que des prescriptions divines. En réalité, la Parole de Dieu tout entière nous fait voir nos péchés, pas seulement les dix commandements. La croix de Jésus nous montre plus que tout la gravité de nos péchés. La punition épouvantable qu’il a portée à notre place nous fait voir la profondeur de notre misère de laquelle il est venu nous délivrer. Cependant, c’est aussi très spécifiquement à la lumière de la perfection des dix commandements que nous comprenons notre misère.

Nous avons une idée superficielle du péché. Nous en avons souvent une conception comptable. Nous faisons de bonnes choses et de mauvaises choses, nous mettons le tout sur la balance, et, bien sûr nous ne sommes pas parfaits, mais quand même, nous nous estimons pas si pires, après tout… Dieu ne doit pas être si exigeant, pensons-nous.

Les pharisiens avaient une approche semblable. Pour eux, l’obéissance était une affaire externe, une comptabilisation de nos actions bonnes et mauvaises. Le Seigneur Jésus voit les choses de manière bien différente. Il nous dit que l’obéissance vient du cœur!

« Qu’exige donc de nous la Loi de Dieu? Jésus-Christ nous l’apprend dans le sommaire qu’il en donne : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. C’est là le premier et le grand commandement. Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même… (Mt 22.37-40) » (Q&R 4).

Pour répondre à la question, Jésus aurait pu donner une liste de choses à faire. Il va plutôt à l’essentiel : le cœur, une obéissance du cœur, motivée par l’amour! L’amour pour Dieu et l’amour pour notre prochain. Nous n’avons pas besoin d’une longue liste de règlements pour nous faire voir notre péché. Ce résumé des commandements nous révèle notre échec lamentable. C’est une lumière suffisamment pénétrante pour nous faire voir la profondeur de notre péché et de notre misère. Comment aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre pensée et de toute notre force? Comment aimer notre prochain comme nous-mêmes? Qui donc est à la hauteur de commandements si simples, mais si exigeants? Sans Jésus-Christ, nous sommes perdus, sans espoir devant le trône de Dieu!

4. Notre opposition à la loi (Q&R 5)🔗

Il nous reste maintenant à être confrontés à cette grave question : « Peux-tu parfaitement observer tout cela? Non, car par nature je suis enclin à haïr Dieu et mon prochain » (Q&R 5). Qui d’entre nous aime se faire dire qu’il est « enclin à haïr Dieu et son prochain »? Il n’est pas fréquent d’entendre quelqu’un nous avouer candidement : « Ma vie se résume en une phrase : Je suis porté à détester Dieu et mon prochain »! Personne n’écrira un tel aveu sur son CV. Non, ce n’est sûrement pas par l’expérience ni par la conscience que nous apprenons cette triste réalité sur nous-mêmes. C’est la Parole de Dieu pure et véritable qui nous l’apprend.

Nous sommes habiles à trouver des excuses de toutes sortes. Nous accusons l’environnement, nous plaidons les circonstances atténuantes, nous confessons les péchés de nos parents bien avant d’avouer nos propres torts. La Parole de Dieu vient remettre les pendules à l’heure. C’est Dieu lui-même qui pose son diagnostic infaillible sur l’état misérable de notre cœur. Plutôt que d’écouter les hommes ou de chercher refuge derrière nos excuses, écoutons plutôt la Parole de Dieu qui nous donne une connaissance exacte et profonde non seulement de Dieu, mais également de nous-mêmes.

Le prophète Jérémie avait la mission difficile de faire connaître au peuple de Dieu son péché. Il leur a dit :

« Le cœur est tortueux par-dessus tout et il est incurable : Qui peut le connaître? Moi, l’Éternel, j’éprouve le cœur, je sonde les reins, pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses agissements » (Jr 17.9-10).

De même, l’apôtre Paul, dans sa lettre magistrale aux Romains, a dû expliquer la profondeur et l’universalité du péché, avant d’exposer la grâce merveilleuse de notre délivrance en Jésus-Christ :

« Nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l’empire du péché, selon qu’il est écrit : Il n’y a pas de juste, pas même un seul; nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu. Tous se sont égarés, ensemble ils sont pervertis, il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul. […] Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rm 3.9-12,23).

Comprenons bien que notre problème n’est ni superficiel ni occasionnel. Oui, nous sommes « enclins » au mal. Nous avons un penchant naturel et une tendance continuelle à haïr Dieu et les autres. Quel sombre tableau! Nos cœurs sont mis à nu devant la parfaite sainteté Dieu et devant son juste jugement. Nous n’avons absolument rien en nous-mêmes qui peut nous protéger devant sa colère et nous donner une quelconque assurance ou le moindre réconfort.

Courons nous réfugier auprès de Jésus-Christ afin d’être revêtus de sa justice! Son sacrifice unique et son obéissance parfaite ont suffi amplement à satisfaire la justice de Dieu. La réconciliation et la paix avec Dieu se trouvent en lui seul. Notre unique réconfort et notre seule grande joie, dans la vie comme dans la mort, c’est d’appartenir à Jésus-Christ!